Les hommes et la médecine esthétique - Dr Nguyen à Paris

Les hommes et la médecine esthétique (I) : Petite histoire de la beauté masculine.

Antiquité

Dans les textes de l’Antiquité, la beauté masculine est fréquemment évoquée[1] et la beauté n’est donc pas l’apanage des femmes, mais elle est généralement mise en lien avec la personne morale (l’honnêteté, l’élégance du geste) et avec une recherche du juste milieu (vêtements, propreté, parfums, bronzage doivent être mesurés). L’importance du statut social pour déterminer des critères de beauté est également capitale, car l’athlète, le patricien (aristocrate romain) et le jeune esclave ne sont pas censés être beaux de la même manière. Cependant, peu de critères visuels précis sont fournis, comme s’il n’était pas possible de les isoler du reste de la personne. Il est probable, en outre, que l’idéal de la statuaire antique (corps musculeux, mais élancés, nez droit, cheveux bouclés) se rapportait d’abord à la beauté des athlètes.

Moyen Âge et Renaissance

Les textes du Moyen Âge valorisent essentiellement une beauté liée aux capacités guerrières, c’est-à-dire un corps athlétique, en particulier aux cuisses musclées, favorisées par la pratique du cheval[2]. La littérature courtoise en dit très peu sur le physique masculin et les modes vestimentaires dissimulent largement le corps, même si les jambes (avec chausses) sont de plus en plus dégagées vers la fin du Moyen Âge et mettent en valeur un mollet supposé musclé[3]. D’une façon générale, la « mollesse » ou les cheveux trop longs sont dénigrés chez les hommes[4] ; les recettes de cosmétiques s’adressent presque exclusivement aux femmes, à l’exception de produits qui concernent la chute de cheveux, forte préoccupation des hommes au Moyen Âge[5]. A la Renaissance, la redécouverte des modèles antiques entraîne une glorification du corps masculin, dans la peinture et la sculpture (Michel-Ange, Léonard de Vinci)[6], en lien avec toute une réflexion sur les canons de beauté. Les corps athlétiques sont magnifiés, voire érotisés et cela a des échos dans la mode masculine (chausses plus collantes, bijoux) ; la cosmétique mentionne des masques et emplâtres pour atténuer les rides et améliorer le teint masculin.

XVIIe-XVIIIe s.

On dit souvent que l’époque baroque inaugure le règne de l’artifice. Dans la mode masculine, les rubans, les dentelles et les perruques font l’objet de savantes variations ; dans l’aristocratie et chez les jeunes élégants, les visages masculins sont, comme ceux des femmes, soumis à la nécessité d’afficher la peau la plus blanche possible, grâce aux préparations à base de céruse[7]. Le développement de la danse sous Louis XIV et la mode des talons pour les hommes contribuent à valoriser les beaux mollets masculins. Le XVIIIe s. est la grande époque de la recherche et de l’intérêt pour les parfums[8] ; la céruse, jugée trop nocive, est remplacée par des préparations à base d’amidon ou par diverses « eaux »[9]. La mode masculine se fait plus naturelle (on abandonne peu à peu la perruque, que la Révolution jettera au panier) et la sensibilité, voire la sensualité sont recherchées plutôt que l’apparence de force physique.

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XIXe s.

Au XIXe s. on prône un retour au naturel, mais cela s’accompagne d’une certaine austérité, avec la disparition du corps masculin dans des costumes sombres aux cols empesés (le gilet devient le lieu où s’exprime la fantaisie !). Le bel homme, marqué par les fantasmes romantiques, est plutôt mince, le pied petit, les cheveux un peu longs, l’œil sombre, comme en témoigne le portrait du héros Rodolphe, dans Les Mystères de Paris (1843) d’Eugène Sue : ses traits « régulièrement beaux, semblaient trop beaux pour un homme, ses yeux étaient grands et d’un brun velouté, son nez aquilin (…) Son cou svelte, aussi également modelé que celui d’un Bacchus indien[10] ». C’est le siècle où naît la figure du dandy (inspirée de l’Angleterre et de « Beau » Brummell), qui recherche l’élégance, le raffinement et l’originalité. Les fards et les cosmétiques se sont démocratisés (avec Rimmel, Ponsin, Guerlain), mais le maquillage masculin, associé, à l’Ancien Régime, est totalement tombé en désuétude[11] ; c’est désormais le soin des mains et de la barbe qui occupe les hommes.

XXe s. et XXIe s.

Les critères de beauté, à partir du XXe s., sont très influencés par le cinéma, en particulier hollywoodien. L’œil charbonneux, la fine moustache et la taille fine des années 1920-30 cèdent la place aux visages glabres, mentons très dessinés, et aux silhouettes de plus en en plus athlétiques, à l’exception des années hippies (1970) ou grunge (1990)[12]. L’art de la cosmétique devient une véritable science et l’hygiène masculine (après-rasage, déodorants, parfums) prend une importance croissante. Le corps masculin doit être sculpté, mais pas bodybuildé (le sport fait partie de l’ordinaire de l’homme qui s’entretient) et son aspect soigné. Les surnoms se multiplient pour désigner les types d’hommes créés par ces tendances : métrosexuel, hipster, lumbersexuel… Le XXIe s. marque le retour à un goût du naturel, la cosmétique s’intéressant au bio, mais sans que cela exclue l’exigence esthétique. L’homme est de plus en plus conscient de la nécessité de soigner son corps, sa peau, son alimentation, de manière à véhiculer une image à la fois pleine de santé, d’énergie et de maîtrise[13]. Les beautés plus individualisées sont officiellement valorisées.

C’est dans ce contexte que s’insère la médecine esthétique au masculin, un secteur longtemps négligé et qui affiche aujourd’hui une croissance considérable. Peu à peu, il est devenu moins honteux pour l’homme d’afficher ses préoccupations quant au vieillissement, à l’aspect de son visage, à la vitalité de sa peau. Il appartient aux médecins esthétiques, dans les années qui viennent, de s’adresser de plus en plus aux hommes pour les accompagner dans ce cheminement.

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] Catherine Baroin, « La beauté du corps masculin dans le monde romain : état de la recherche récente et pistes de réflexion », Dialogues d’histoire ancienne, Année 2015, Suppl. 14, p. 31-51.

[2] Georges Vigarello, Les canons de la beauté, Paris, Seuil, 2004.

[3] Françoise Piponnier et Perrine Mane, Dress in the Middle Ages, Yale, UP, 1997.

[4] Saint Bernard de Clairvaux (1091-1153), Eloge de la nouvelle chevalerie, Paris, SC 367, 1990, chapitre II.

[5] Luke Demaitre, “Skin and the City: Cosmetic Medicine as an Urban Concern”, Between Text and Patient: The Medical Enterprise in Medieval and Early Modern Europe, Florence, Edizioni del Galluzzo, 2011, p.97-120.

[6] Gabriel-André Pérouse, « La Renaissance et la beauté masculine », dans En filigrane des Essais, Paris, Classiques Garnier, 2008, p. 81-100.

[7] Catherine Lanoë, « Les techniques de blanchiment du visage à l’époque moderne », Communications, Année 2007, 81, p. 107-120.

[8] Annick Le Guérer, Le parfum, des origines à nos jours, Paris, Odile Jacob, 2005.

[9] Yannick de Roeck-Holtzhauer, « La cosmétologie à travers les âges », Revue d’Histoire de la Pharmacie, Année 1988, 279, p. 397-399.

[10] Eugène Sue, Les Mystères de Paris, 1843, chapitre II.

[11] Pauline Boulet, « Les hommes et le maquillage, une démocratisation difficile », 26 juillet 2019, L’Express.

[12] Voir Ariane Beaudry, « Les standards de beauté masculine, d’une époque à l’autre », 23 septembre 2019, Bien avec mon corps, https://bienavecmoncorps.com/standardsbeautemasculineepoque/

[13] Voir Michèle Verschoore, Le Guide de la beauté au masculin, Paris, Odile Jacob, 2016.

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