DR VINH NGUYEN

ALGONEURODYSTROPHIE

L’algoneurodystrophie porte plusieurs noms : algodystrophie, syndrome douloureux régional complexe (SDRC), syndrome de Sudeck-Leriche, syndrome épaule-main. Ce syndrome douloureux est localisé autour d’une articulation et a le plus souvent (deux tiers des cas) une origine traumatique (fracture, intervention chirurgicale). L’atteinte du membre inférieur est deux fois plus fréquente que celle du membre supérieur. L’origine pourrait être un dysfonctionnement du système nerveux central et périphérique. On estime que le diabète, l’hypertriglycéridémie ou l’hypothyroïdie pourraient favoriser l’apparition d’une algodystrophie, en particulier à l’épaule. Les femmes sont plus souvent touchées, à raison de trois cas sur quatre.

Dans 90 % des cas, la pathologie évolue favorablement, mais parfois sur une période longue (d’un à deux ans) ; dans 5 à 10 % des cas, l’évolution est beaucoup plus lente, les douleurs persistant pendant plusieurs années et se doublant de rétractions aponévrotiques (l’aponévrose étant une sorte de tendon reliant le muscle à son point d’attache) ou de troubles trophiques (pigmentation, ulcération), avec parfois des séquelles de type raidissement articulaire. Le diagnostic de l’algoneurodystrophie se fait par séries de diagnostics différentiels d’élimination, même si une scintigraphie peut par exemple aider à déceler la pathologie.

 

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Les symptômes classiques de l’algoneurodystrophie sont au nombre d’une demi-douzaine :

  • Une douleur pouvant entraîner une incapacité (de faire certains gestes, de transporter quelque chose…) ;
  • Des troubles trophiques (anomalies de la peau engendrées par une insuffisance microcirculatoire d’origine artérielle ou veineuse) et vasomoteurs, se manifestant par de l’œdème, une modification de l’aspect de la peau, voire des ulcères ;
  • Une déminéralisation épiphysaire (l’épiphyse étant l’extrémité d’un os long) observable par examens radiologiques ;
  • Une migration de la douleur vers d’autres localisations ;
  • Une évolution lentement régressive ;
  • Un resurgissement des années plus tard.

Il n’existe pas de traitement médicamenteux pouvant soigner l’algoneurodystrophie. La calcitonine est souvent prescrite pour « prévention de la décalcification lors de l’immobilisation prolongée » (indication AMM). Le traitement symptomatique peut comprendre :

  • Des antidouleurs ;
  • Des corticoïdes ;
  • Des bisphosphonates (mais ils n’ont pas l’AMM) ;
  • De la vitamine C (Florence Aim et al, « Efficacité de la vitamine C en prévention du syndrome douloureux régional complexe après fracture du poignet : revue systématique et méta-analyse », Hand Surgery and Réhabilitation, volume 35, Issue 6, décembre 2016, p. 441) ;
  • Ostéopathie ;
  • Kinésithérapie.

Le repos est conseillé, mais pas l’immobilisation stricte. La mésothérapie propose une approche à la fois douce et qui a montré de bons résultats (voir Jennifer Benatar et Alexandre Ichou, Intérêt de la mésothérapie dans l’algodystrophie du membre supérieur, DIU, 2009-2010.). On retrouve par exemple le mélange :

  • Calcitonine (antalgique et rhumatologique) ;
  • Catapressan (antihypertenseur) ;
  • Fonzylane (vasodilatateur).

Le rythme des séances peut suivre le schéma J8, J15, puis tous les 15 jours pendant trois mois. La piqûre se fait ou bien seulement en intra-épidermique (si le patient supporte mal le contact) ou en conjuguant intra-épidermique et intra-dermique (piqûre plus profonde). On retrouve également le mélange Lidocaine+Piroxicam+Calcitonine, en séance hebdomadaire durant 5 à 8 semaines (Voir Dr. J.-M. Issartel, « Mésothérapie », Spasmagazine, n°22, juillet-août 2007). Plus la mésothérapie est pratiquée tôt, plus les symptômes disparaissent tôt et plus la durée de la guérison est écourtée.