[20] Voir Dr. Magali Meyer et Dr. Wang de Feng, http://www.awmtc.fr/fr/

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Comment l’acupuncture peut soutenir notre système immunitaire durant l’épidémie de coronavirus

 

Qu’est-ce que le système immunitaire ?

 

En termes de biologie, l’immunité désigne la capacité qu’a le corps de se défendre contre des éléments qui menacent son bon fonctionnement ou même sa survie.

On parle donc de système immunitaire à propos de l’ensemble d’éléments de reconnaissance et de défense qui permet à l’organisme de distinguer entre ce qui lui est constitutif et ce qui lui est extérieur. C’est-à-dire que ce qui est reconnu étranger au corps est détruit, comme par exemple les agents pathogènes : virus, bactéries, parasites, poisons, échardes, greffes incompatibles… etc.

Le système immunitaire est en partie inné (hérité à la naissance et marqué par la génétique), en partie adaptatif, donc évoluant en fonction des contacts avec les microbes ou substances environnementales.

L’immunité innée ou non-adaptive est cette partie du système immunitaire qui détecte en permanence les cellules anormales, tumorales ou infectées par un virus, mais sans tenir compte du type spécifique de menace combattue.

 

Cette immunité innée s’appuie sur plusieurs éléments :

  • les barrières physiques telles que la peau et les muqueuses (les larmes, l’acidité gastrique…) ;
  • l’inflammation (qui agit comme un signal d’alarme) ;
  • les cellules qui réalisent la phagocytose (macrophages et neutrophiles : elles détruisent les corps étrangers de manière non spécifique)
  • certaines protéines.

 

L’immunité adaptative nécessite quant à elle une phase d’apprentissage au cours de laquelle les lymphocytes T et B (et tout particulièrement les lymphocytes T CD8+) apprennent à reconnaître la cible à éliminer et à la garder en mémoire pour réagir lors d’une éventuelle seconde rencontre. C’est donc au fil du temps que se développe l’immunité adaptative, encore peu développée chez les jeunes enfants[1].

 

Le rôle de l’hygiène de vie

 

En médecine traditionnelle chinoise, on dit qu’en cas de maladie, il y a déséquilibre entre les énergies défensives (Wei Qi) et les énergies perverses externes (Xie Qi).

 

Certains individus ont un bon système de défense pour des raisons génétiques (Yuan Qi). Mais l’hygiène de vie est aussi très importante pour préserver les défenses immunitaires : le sommeil, l’absence de stress, l’alimentation équilibrée, une activité physique régulière, la faible exposition à la pollution…

L’individu peut donc agir sur l’état de son système immunitaire. Par ailleurs, il existe des techniques et des soins spécifiquement voués à stimuler l’immunité, comme l’acupuncture.

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Le rôle de l’acupuncture

Dès les années 1980, les études sur le rôle de l’acupuncture dans l’immunité se multiplient[2].

L’acupuncture peut accroitre la dynamique favorable permise par l’hygiène de vie. Elle ne se substitue donc pas aux recommandations ordinaires pour l’entretien du système immunitaire, mais peut améliorer et stimuler une partie ou l’ensemble des éléments qui constituent le système immunitaire.

En effet, le système immunitaire implique des interactions entre les systèmes nerveux et endocriniens, ainsi que les organes lymphoïdes (moelle osseuse, thymus, rate, ganglions lymphatiques, amygdales, amas de cellules lymphoïdes situés sur les muqueuses des voies digestives, respiratoires, génitales et urinaires).

Les points d’acupuncture ont pour fonction de stimuler ces différents éléments, selon les déséquilibres constatés ou probables.

Depuis déjà une dizaine d’années, de nombreux chercheurs ont mis en évidence, en lien avec l’acupuncture, une « désactivation du système limbique, paralimbique et néocortex ». Cela expliquerait les effets antalgiques de l’acupuncture, mais aussi son rôle dans la régulation des émotions, des systèmes endocrine et immunitaires[3].

Plus précisément encore, on a observé, par des bilans sanguins avant/après, que l’acupuncture était liée à une augmentation de certaines activités de l’organisme[4] .

  • de la production de globules blancs (qui aident à lutter contre les virus et les bactéries),
  • de l’activité des cellules T,
  • des cellules B,
  • des cellules natural killers (via la protéine  Tyrosine  Kinase)[5],
  • des macrophages[6],
  • de la production de cytokines (produites par les globules blancs en lien avec les phénomènes inflammatoires et les réactions immunitaires[7]),
  • de la libération de peptides opioïdes endogènes (très importants pour l’immunité).

 

L’électro-acupuncture entraîne également une modulation de la balance entre les lymphocytes Th1 et Th2 (T Helper Cells), qui serait liée à plusieurs pathologies, telles que les maladies auto-immunes[8], les allergies[9], l’asthme[10].

L’acupuncture agirait tout particulièrement dans la stimulation de l’hypothalamus[11] (qui fait partie des régions limbiques, sur lesquelles l’acupuncture a une action importante). L’hypothalamus contrôle en effet :

  1. le système opioïdergique (les récepteurs opiacés modulent la réponse à la douleur, au stress et le contrôle des émotions),
  2. le système nerveux autonome,
  3. et en partie la sécrétion des neuropeptides (peptides secrétés par les neurones et intervenant dans la régulation du sommeil, de l’éveil, de l’émotion, de la récompense, de la douleur, de l’apprentissage et de la mémoire).

Une étude a par exemple montré qu’une lésion de l’hypothalamus latéral annihilait l’effet de l’acupuncture sur l’activation des cellules natural killer[12].

 

Quels points puncturer ?

 

En Médecine traditionnelle chinoise, on va distinguer entre différents états, qui impliquent de puncturer des points différents :

  • le vide de Yin et/ou de Xue (V13, F4, Rn3, VC12, V20),
  • le vide de Yang et/ou de Qi (VC6, VC17, P9, E36, GI11).

On peut également évaluer les organes qui semblent atteints, comme par exemple la rate, qui joue un rôle important dans l’immunité (en ce cas, on peut piquer V20, F13, Rt3, Rt6)[13].

Le point E36, du méridien de l’estomac, Zu San Li (situé sur le côté extérieur du tibia, environ trois centimètres sous la rotule), a fait l’objet de plusieurs études en lien avec son action rapide sur la production de globules blancs[14]. En outre, la stimulation spécifique par électro-acupuncture  du  point  E36  induirait  une activation  de  la  cytotoxicité  des cellules  natural killer[15].

Il semblerait, en outre, que les réactions à l’acupuncture pourraient perdurer pendant un mois[16].

Intérêt de l’acupuncture pour différentes pathologies 

Les bénéfices de l’acupuncture dans le domaine immunitaire sont, enfin, plus spécifiquement connus et étudiés dans le cas des patients souffrants de cancers et traités par ailleurs par la médecine conventionnelle[17].

L’acupuncture permettrait non seulement de soulager les douleurs, mais également d’améliorer la fatigue physique et mentale[18]. Pour cela, les points indiqués seraient notamment E36, R6, GI4, VB34 et/ou R9.

Naturellement, avoir un système immunitaire solide est particulièrement important en temps d’épidémie virale : face à une charge virale importante, l’organisme dont l’immunité est bonne lutte beaucoup plus efficacement. Les premières études sur la réponse immunitaire face au Covid-19 ont montré que l’infection au virus suscite l’apparition de plasmocytes (lymphocytes B matures) et de de lymphocytes folliculaires auxiliaires (Tfh), c’est-à-dire une activation de l’immunité adaptative[19].

On sait que les hôpitaux chinois, dans leur gestion de l’épidémie de Covid-19, ont régulièrement allié la Médecine traditionnelle chinoise, dont l’acupuncture, à la médecine conventionnelle occidentale.

Certains médecins acupuncteurs chinois ont même déjà développé un protocole spécifique, par exemple[20] :

  1. En l’absence de symptômes (cas d’individus exposés) : appliquer la moxibustion douce sur : He Gu (GI4), Zhong Wan (RM12), Fei Shu (V13), Pi Shu (V20) et Da Zhui (DM14).
  2. Période de début (phase d’infection respiratoire) : appliquer l’acupuncture en dispersion sur les points : He Gu (GI4), Lie Que (P7), Tain Tu (RM22), Feng Chi (VB20) ;
  3. Période évoluée (phase de syndrome respiratoire aigu sévère) : appliquer l’acupuncture en dispersions sur les points : He gu (GI4), Tai Yuan (P9), Kong Zui (P6), Chi Ze (P5), Feng Long (E40), Yin Ling Quan (Rt9) ;
  4. Période critique (phase de défaillance multi-viscérale) : puncturer Su Liao (DM25) et appliquer la moxibustion sur : Shen Que (RM8), Shui Fen (RM9), Guan Yuan (RM4).
  5. Phase de convalescence :  appliquer l’acupuncture en bonification sur les points : Zu San Li (E36), He Gu (GI4), Zhong Wan (RM12), Qi Hai (RM6).

Il est probable que les recherches quant à l’apport de l’acupuncture pour renforcer l’organisme face au Covid-19 vont se multiplier ces prochaines temps.

D’une façon générale, de nombreuses études sont en cours sur le rôle de l’acupuncture dans la stimulation de l’immunité, et bien d’autres arguments viendront s’ajouter, dans les prochaines années, aux éléments concrets déjà en faveur de l’usage de l’acupuncture.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.


[1] https://curie.fr/dossier-pedagogique/quest-ce-que-le-systeme-immunitaire

[2] Bossy J., « Acupuncture et immunité : aspects cliniques et fondamentaux », Actes du 8ème Congrès d’Acupuncture de l’AFERA, Nîmes. 1994;43-84, http://www.gera.fr/documents/acupuncture-immunite-aspects-cliniques-fondamentaux-1

[3] Claire Haaser-Gallon, Intégration de l’acupuncture en médecine occidentale : exemple de l’aide médicale à la procréation, Thèse de Médecine, Université de Grenoble, 2010, https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00624770/document

[4] Kim, S.K. et H. Bae, “Acupuncture and immune modulation », Autonomic Neuroscience, 2010.

[5] Kim CK, Choi GS, Oh SD, Han JB, Kim SK, Ahn HJ, et al., « Electroacupuncture up-regulates natural killer cell activity Identification of genes altering their expressions in electroa-cupuncture induced up-regulation of natural killer cell activity », J Neuroimmunol. 2005;168(1-2):144-53 ; Yu Y, Kasahara T, Sato T, Asano K, Yu G, Fang J, et al. « Role of endogenous  interferon-gamma  on  the  enhancement  of splenic NK cell activity by electroacupuncture stimulation in mice”, J Neuroimmunol. 1998;90(2):176-86.

[6] Nobuo Yamaguchi, Takashi Takahashi, Masahiro Sakuma, Toshiroh Sugita, Kumiko Uchikawa, Satoshi Sakaihara, Tsugiyasu Kanda, Matsuo Arai et Kenji Kawakita, « Acupuncture Regulates Leukocyte Subpopulations in Human Peripheral Blood », Evid Based Complement Alternat Med, décembre 2007, 4(4), p. 447-453.

[7] Y. Takayama, M. Itoi, T. Hamahashi, N. Tsukamoto, K. Mori, D. Morishita, K. Wada, T. Amagai, « Moxibustion activates host defense against herpes simplex virus type I through augmentation of cytokine production », Microbiol Immunol, septembre 2010, 54(9), p. 551-7.

[8] Abbas, A.K., K.M. Murphy, and A. Sher, “Functional diversity of helper T lymphocytes”. 1996. 383(6603): p. 787-793.

[9] Maggi, E., “The TH1/TH2 paradigm in allergy”, Immunotechnology, 1998. 3(4): p. 233-244.

[10] Biernacki, W. and M.D. Peake, Acupuncture in treatment of stable asthma.Respiratory Medicine, 1998. 92(9): p. 1143-1145.

[11] Kiterie Faller et François Goneau, « Mécanismes physiologiques de la modulation de l’immunité par acupuncture », Méridiens, 2009, 8 (1), https://www.meridiens.org/acuMoxi/huitun/fall81gonneau.pdf

[12] Choi GS, Oha SD, Han JB, Bae HS, Cho YW, Yun YS, et al., « Modulation of natural killer cell activity affected by electroa-cupuncture  through  lateral  hypothalamic  area  in  rats »,  Neurosci Lett. 2002;329(1):1-4.

[13] Bossy J., « Acupuncture et immunité : aspects cliniques et fondamentaux », Actes du 8ème Congrès d’Acupuncture de l’AFERA, Nîmes. 1994;43-84, http://www.gera.fr/documents/acupuncture-immunite-aspects-cliniques-fondamentaux-1

[14] C. Davies, « Using a daily home-support moxibustion protocol on St 36 Zu San Li during chemotherapy: a case history », European Journal of Oriental Medicine, 2013; 7(4), p. 34-39 ; Wang XY, Wang J, Wu FD, “On the location and special application of Zusanli point in Neijing (Chinese) », J Clin Acupuncture Moxibustion, 2011, 27, p. 51-2.

[15] Choi GS, Oha SD, Han JB, Bae HS, Cho YW, Yun YS, et al., « Modulation of natural killer cell activity affected by electroa-cupuncture  through  lateral  hypothalamic  area  in  rats »,  Neurosci Lett. 2002;329(1):1-4.

[16] L. Arranz, N. Guayerbas, L. Siboni, M. De la Fuente, « Effect of acupuncture treatment on the immune function impairment found in anxious women. », Am J Chin Med. 2007;35(1):35-51.

[17] Maud Madelenat, Usages de la médecine traditionnelle chinoise dans un contexte de cancer du sein, Thèse de pharmacie, Université de Poitiers, 2015, http://nuxeo.edel.univ-poitiers.fr/nuxeo/site/esupversions/577e77ac-6b20-4180-9700-c36d8e8db536

[18] Liao GS, Apaya MK, Shyur LF, “Herbal Medicine and Acupuncture for Breast Cancer Palliative Care and Adjuvant Therapy”, Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, vol. 2013, 2013 ; Molassiotis A, Bardy J, Finnegan-John J,Mackereth P, Ryder D, Ream E, “Acupuncture for Cancer-Related Fatigue in Patients With Breast Cancer: A Pragmatic Randomized Controlled Trial”, Journal of Clinical Oncology, vol. 30, n°36,pp. 4470-4476, 2012.

[19] Julie Kern, « Coronavirus : comment notre organisme combat l’infection ? », Futura Sciences, 18 mars 2020, https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavirus-notre-organisme-combat-infection-80104/ 

[20] Voir Dr. Magali Meyer et Dr. Wang de Feng, http://www.awmtc.fr/fr/

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