Acidose et alimentation - Dr Nguyen à Paris

Acidose et alimentation : comment réguler son PH sanguin et urinaire ? (II)

 

Tout aliment a un impact sur le PH (potentiel hydrogène, c’est-à-dire le niveau des protons, H+) sanguin et urinaire, qu’il contribue à acidifier (au-dessous du PH neutre de 7, qui est celui de l’eau) ou à alcaliniser (au-dessus du PH neutre).

Le potentiel acidifiant d’un aliment

L’acidité ou l’alcalinité d’un aliment dépend essentiellement de trois paramètres :

  • Le type de minéraux contenus[1]:
    • chlore (sel), souffre (céréales) et phosphore (protéines animales) sont acidifiants (on parle de précurseurs acidifiants),
    • tandis que potassium, magnésium, calcium et sodium (végétaux) sont alcalinisants (on parle de précurseurs basifiants) ;
  • La teneur en citrates et bicarbonates : ils jouent un rôle de tampon et maintiennent le PH sanguin ;
  • La teneur en protéines et notamment en acides aminés soufrés (ces derniers rediffusant, pendant la digestion, des sulfates acidifiants).

L’indice PRAL

Le chercheur allemand Thomas Remer[2] a mis au point un indice pour évaluer l’impact d’un aliment sur le PH urinaire : il s’agit de l’indice PRAL (Potential Renal Acid Load), qui est exprimé en milliéquivalent (mEq) et mesure la charge basique pour 100g d’aliment. Un PRAL positif désigne un aliment à effet acidifiant, un PRAL négatif un aliment à effet alcalinisant. Il s’agit, idéalement, d’avoir une alimentation tendant vers l’équilibre acido-basique[3]

Viande, pain, fruits, légumes…

Viande, pain, eau, fruit - Dr Nguyen Paris

Globalement, les produits animaux ont une charge acide plus élevée[4] :

  • Le PRAL moyen des viandes est de 9,5, celui des poissons de 7,9, celui des produits laitiers et des œufs de 1, celui des fromages compris entre 8 et 23,6 ;

Les produits céréaliers ont une charge acide relativement importante :

  • Le PRAL moyen des produits à base de céréales va de 3,5 (pain) à 6,7 (pâtes) ;
  • Le PRAL des aliments sucrés est de 4,3 en moyenne.

Les fruits et légumes ont un potentiel alcalinisant :

  • Le PRAL moyen des légumes est de -2,8, celui des fruits de -3,1.

L’eau

L'eau - Dr Nguyen Paris

L’eau aurait également un potentiel plus ou moins alcalinisant, selon sa teneur en bicarbonates, très variable[5] :

  • Saint-Yorre a un PRAL de -6,
  • Vichy-Célestin de -4,
  • Rozana ou Badoit de -1,
  • Certaines eaux peuvent avoir un PRAL très fortement négatif, à -10, -20.

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Conséquences d’une alimentation trop acide

L’acidose métabolique de bas grade entraîne :

  • Une légère diminution du PH sanguin à l’intérieur de l’intervalle considéré comme normal ;
  • Prédispose à des déséquilibres métaboliques :
    • formation de calculs rénaux,
    • résorption osseuse accrue,
    • densité minérale osseuse réduite,
    • perte de masse musculaire,
    • risque accru de maladies chroniques (comme le diabète de type 2, l’hypertension, la stéatose hépatique non alcoolique) [6].
  • des niveaux importants d’acide dans le sang ont des conséquences métaboliques importantes :
    • augmentation de l’excrétion de minéraux,
    • insulino-résistance,
    • libération augmentée d’hormones glucocorticoïdes.
  • Une alimentation acide est corrélée avec la masse corporelle, d’où une augmentation du risque de pré-diabète[7] et de diabète (une augmentation du PRAL de 5 pts correspondrait à un risque relatif de diabète augmenté de 4%)[8];
  • L’hypertension[9] essentielle est significativement corrélée au PRAL (une augmentation de 20 pts du PRAL correspondrait à une augmentation de 3% du risque d’hypertension) ;
  • Il y a un lien statistiquement significatif entre charge acide alimentaire et pression sanguine systolique et diastolique[10];
  • La fragilité des sujets âgés est augmentée par une alimentation acidifiante (un PRAL élevé est corrélé avec une moins bonne endurance physique) [11].

 

Comment limiter l’acidification du PH sanguin et urinaire

 

Lorsque l’acidose est encore de bas grade, des mesures simples peuvent permettre de faire baisser l’acidité du PH sanguin et urinaire.

C’est bien sûr l’alimentation qui est importante et le fait de privilégier des aliments à PRAL négatif (les fruits et légumes en particulier), de manière à atteindre l’équilibre acido-basique.

L’impact est sensible notamment sur la fonction rénale : une alimentation alcaline maintient la filtration glomérulaire (filtration du sang par le glomérule du rein, permettant la formation d’urine primitive[12]) et fait baisser l’excrétion acide nette.

En outre, une complémentation en bicarbonate peut être utile : des études ont été menées sur l’impact positif de la prise de bicarbonate de sodium avant un repas (le PH sanguin diminue et se maintient ainsi jusque trois heures après le repas).

La prise d’eau bicarbonatée à PRAL négatif serait bénéfique : toutes les eaux bicarbonatées diminuent l’acide mesuré dans les urines, avec une forte corrélation au taux de bicarbonate et à la négativité du PRAL.

En cas de doute sur le taux d’acidité du sang et des urines, un test peut être réalisé.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] C. Demigné et al, « Fond français alimentation et santé », INSERM.

[2] T. Remer et F. Manz, « Potential renal acid load of foods and its influence on urine pH », J Am Diet Assoc, juillet 1995, 7, p. 791-797.

[3] Florence Piquet, Le Guide de l’équilibre acide-base, Vergèze, Thierry Souccar, 2012.

[4] Voir « Acidifiants ou alcalinisants ? L’indice PRAL de 80 aliments », lanutrition.fr, 10 mai 2012, https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/le-potentiel-sante-des-aliments/aliments-acidifiants-et-basifiants/acidifiants-ou-alcalinisants-lindice-pral-de-80-aliments 

[5] P. Burckardt, « The effect of the alkali load of mineral water on bone metabolism: interventional studies », J Nutr., 2008, 138, p. 435-437.

[6] R.A. Carnauba et al, « Diet-induced low-grade metabolic acidosis and clinical outcomes: a review”, Nutrients, 25 mai 2017, 9/6.

[7] M. Abshirini et al, “The dietary acid load is higher in subjects with prediabetes who are at greater risk of diabetes: a case-control study”, Diabetol Metab Syndr, 1er juillet 2019, 11, p. 52.

[8] A. Jayedi et al, « Dietary acid load and risk of type 2 diabetes; a systematic review and dose-response meta-analysis of prospective observational studies », Clin Nutr ESPEN, février 2018, 23, p. 10-18.

[9] SW. Chen et al, “Elevated hypertension risk associated with higher dietary acid load: a systematic review and meta-analyse”, Cli Nutr ESPEN, octobre 2019, 33, p. 171-177 ; M. Paroban et al, “Dietary acid load and risk of hypertension: a systematic review and dose-response meta-analysis of observational studies”, Nutr Metab Cardiovasc Dis, juillet 2019, 29/7, p. 666-675.

[10] E. Daneshzad et al, “Dietary acid load and cardiometabolic risk factors: a systematic review and meta-analysis of observational studies”, Public Health Nutr, 24 mai 2019, p. 1-12.

[11] Y. Kataya et al, « Higher dietary acid load is associated with a higher prevalence of frailty, particularly slowness/weakness and low physical activity, in elderly japonese women », Eur J Nutr, juin 2018, 57/4, p. 1639-1650.

[12] Le Débit de Filtration Glomérulaire doit être : > ou =  90ml/min/1.73m2 et surtout pas inférieur à 60ml ; HAS, Diagnostic de l’insuffisance rénale chronique, juillet 2012, https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-10/evaluation_du_debit_de_filtration_glomerulaire_et_du_dosage_de_la_creatininemie_dans_le_diagnostic_de_la_maladie_renale_chronique_chez_ladulte_-_fiche_buts.pdf

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