La Maladie de Ménière : Épidémiologie, Impact Économique et Potentiel Thérapeutique de l'Acupuncture

Résumé
La maladie de Ménière est une affection vestibulaire chronique caractérisée par des crises récurrentes de vertiges, une perte auditive fluctuante, des acouphènes et une sensation de plénitude auriculaire. Cette revue systématique examine l’épidémiologie actuelle de la maladie, son impact économique sur les systèmes de santé et la société, ainsi que le potentiel thérapeutique de l’acupuncture comme traitement complémentaire. Les données probantes issues d’essais cliniques et de méta-analyses récentes sont analysées pour évaluer l’efficacité, la sécurité et le rapport coût-efficacité de l’acupuncture dans la prise en charge de cette pathologie invalidante.
Introduction
La maladie de Ménière (MM), décrite pour la première fois par Prosper Ménière en 1861, est une affection idiopathique de l’oreille interne caractérisée par une triade symptomatique classique : épisodes récurrents de vertiges rotatoires, fluctuation de l’audition avec surdité progressive, et acouphènes, généralement associés à une sensation de plénitude auriculaire (Goebel, 2016). Sa physiopathologie est principalement attribuée à l’hydrops endolymphatique, une distension du système endolymphatique de l’oreille interne, bien que les mécanismes exacts restent partiellement élucidés (Foster & Breeze, 2013).
Malgré des avancées significatives dans sa compréhension, la maladie de Ménière demeure un défi thérapeutique majeur. Les traitements conventionnels, incluant mesures hygiéno-diététiques, pharmacothérapie et interventions chirurgicales, offrent des résultats variables et souvent insatisfaisants (Nevoux et al., 2018). Dans ce contexte, l’acupuncture émerge comme une approche complémentaire potentiellement bénéfique, suscitant un intérêt croissant dans la communauté scientifique et médicale.
Cette revue vise à synthétiser les connaissances actuelles concernant : (1) l’épidémiologie de la maladie de Ménière, (2) son impact économique et sociétal, et (3) l’efficacité potentielle de l’acupuncture comme approche thérapeutique, en s’appuyant sur les données probantes disponibles dans la littérature scientifique.
Épidémiologie de la Maladie de Ménière
2.1. Prévalence et incidence
La prévalence de la maladie de Ménière varie significativement selon les populations étudiées. Selon une méta-analyse récente (Bruderer et al., 2017), la prévalence mondiale est estimée entre 34 et 190 cas pour 100 000 habitants. Des variations géographiques importantes sont observées, avec des taux plus élevés rapportés dans les pays occidentaux (Tyrrell et al., 2014):
- Europe du Nord: 157-513/100 000
- États-Unis: 190-200/100 000
- Japon: 35-60/100 000
- Corée du Sud: 15-70/100 000
L’incidence annuelle est estimée entre 4,3 et 15 nouveaux cas pour 100 000 habitants, avec une tendance à l’augmentation ces dernières décennies, possiblement due à une meilleure reconnaissance diagnostique (Alexander & Harris, 2010; Havia et al., 2005).
2.2. Caractéristiques démographiques
La maladie de Ménière présente plusieurs caractéristiques démographiques notables:
- Âge: L’âge moyen au diagnostic se situe entre 40 et 60 ans, avec un pic d’incidence vers 50 ans. Les cas pédiatriques (<18 ans) représentent moins de 3% des patients, tandis que l’apparition après 65 ans concerne environ 10% des cas (Tyrrell et al., 2014).
- Genre: Une légère prédominance féminine est observée dans la majorité des études, avec un ratio femme/homme estimé entre 1,3:1 et 1,6:1 (Watanabe et al., 2017).
- Bilatéralité: Initialement unilatérale dans 85-95% des cas, la maladie devient bilatérale chez 15-50% des patients sur une période de suivi de 10-20 ans (Huppert et al., 2010).
2.3. Facteurs de risque et comorbidités
Plusieurs facteurs de risque ont été associés à la maladie de Ménière:
- Facteurs génétiques: 5-15% des patients rapportent des antécédents familiaux, suggérant une composante héréditaire (Requena et al., 2015).
- Facteurs auto-immuns: Association significative avec certaines maladies auto-immunes, notamment polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux systémique et thyroïdite d’Hashimoto (Tyrrell et al., 2014).
- Facteurs vasculaires: Hypertension artérielle, dyslipidémie et diabète sont plus fréquents chez les patients atteints de MM (Kim et al., 2018).
- Facteurs psychologiques: L’anxiété et la dépression sont observées chez 40-60% des patients, mais leur rôle comme facteur causal ou conséquence reste débattu (van Cruijsen et al., 2006).
- Facteurs environnementaux: Exposition au bruit, traumatismes crâniens, allergies et migraines ont été suggérés comme facteurs contributifs (Havia et al., 2005).
Les comorbidités les plus fréquemment rapportées incluent les migraines (37-56%), les troubles anxio-dépressifs (40-60%), l’hypertension artérielle (25-40%) et les allergies (30-35%) (Lopez-Escamez et al., 2015).
Impact Économique et Sociétal
3.1. Coûts directs
Les coûts directs associés à la maladie de Ménière comprennent:
- Consultations médicales: 3-8 consultations annuelles en moyenne (ORL, neurologie, médecine générale), estimées entre 450€ et 1200€ par patient et par an (Anderson & Harris, 2001).
- Examens diagnostiques: L’évaluation initiale (audiométrie, vidéonystagmographie, IRM, etc.) représente 800€-1800€ par patient (Sun et al., 2014).
- Traitements pharmacologiques: Bétahistine, diurétiques, antivertigineux, estimés entre 300€ et 900€ annuellement selon la sévérité (Guyot et al., 2011).
- Hospitalisations: 15-25% des patients nécessitent une hospitalisation pour crise sévère, coûtant 1500€-4000€ par épisode (Anderson & Harris, 2001).
- Interventions chirurgicales: Labyrinthotomie, neurectomie vestibulaire, drainage endolymphatique: 5000€-12000€ par intervention, concernant 5-10% des patients (Sun et al., 2014).
- Appareillage auditif: Prothèses auditives nécessaires chez 40-65% des patients: 1000€-3000€ par appareil, avec renouvellement tous les 5-7 ans (Tyrrell et al., 2014).
Selon une étude multicentrique européenne, le coût direct moyen annuel est estimé entre 2400€ et 7800€ par patient, avec d’importantes variations selon la sévérité de la maladie et le système de santé concerné (Guyot et al., 2011).
3.2. Coûts indirects
Les coûts indirects, souvent sous-estimés, représentent une part substantielle de l’impact économique:
- Absentéisme professionnel: 14-45 jours par an selon la fréquence et l’intensité des crises, représentant 1500€-4500€ par patient actif (Cohen et al., 2018).
- Perte de productivité: Estimée à 30-40% pour les patients en activité professionnelle (Anderson & Harris, 2001).
- Invalidité et retraite anticipée: 17-25% des patients actifs professionnellement obtiennent une reconnaissance d’invalidité ou prennent une retraite anticipée (Sun et al., 2014).
- Impact sur les aidants: Non quantifié précisément, mais estimé significatif pour les formes sévères (Cohen et al., 2018).
Une étude américaine récente estime le coût indirect total entre 3600€ et 11200€ par patient et par an (Sun et al., 2014).
3.3. Impact sur la qualité de vie
L’impact sur la qualité de vie est considérable, comme en témoignent plusieurs études utilisant des échelles validées:
- Score moyen au Dizziness Handicap Inventory (DHI) entre 48 et 66 points (sur 100), indiquant un handicap modéré à sévère (Kirby & Yardley, 2008).
- Réduction de 0,36-0,56 QALY (Quality Adjusted Life Year) par an selon la sévérité (Soderman et al., 2002).
- Atteinte significative des dimensions sociales, émotionnelles et physiques mesurée par le SF-36 (Short Form 36), avec des scores inférieurs de 30-45% par rapport à la population générale (Anderson & Harris, 2001).
L’impact cumulatif sur la qualité de vie est comparable à celui observé dans d’autres pathologies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde avancée ou l’insuffisance cardiaque modérée à sévère (Cohen et al., 2018).
3.4. Coût sociétal global
En combinant coûts directs, indirects et l’impact sur la qualité de vie, le coût sociétal global de la maladie de Ménière est estimé:
- Entre 6000€ et 19000€ par patient et par an en Europe (Guyot et al., 2011).
- Entre 8000$ et 26000$ par patient et par an aux États-Unis (Sun et al., 2014).
En considérant la prévalence, le coût sociétal annuel total est estimé entre 3,1 et 5,6 milliards d’euros dans l’Union Européenne et entre 3,8 et 8,2 milliards de dollars aux États-Unis (Cohen et al., 2018; Tyrrell et al., 2014).
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Traitements Conventionnels et Limitations
Les approches thérapeutiques conventionnelles de la maladie de Ménière comprennent:
4.1. Traitements conservateurs
- Modifications diététiques: Restriction sodée (2g/jour), limitation de caféine et alcool, montrant une amélioration chez 35-60% des patients (Nevoux et al., 2018).
- Médicaments: Bétahistine (24-48mg/jour), diurétiques thiazidiques, anticholinergiques, anxiolytiques, avec une efficacité globale modérée (réduction de 30-50% de la fréquence des crises) (Adrion et al., 2016).
- Rééducation vestibulaire: Efficace pour améliorer l’équilibre et réduire l’instabilité mais peu d’effet sur les crises aiguës (McDonnell & Hillier, 2015).
4.2. Traitements semi-invasifs
- Injections intratympaniques de gentamicine: Efficaces pour contrôler les vertiges (70-90% de succès) mais risque de perte auditive supplémentaire (15-30%) (Huon et al., 2012).
- Injections intratympaniques de corticoïdes: Moins efficaces (50-70%) mais meilleure préservation de l’audition (Garduño-Anaya et al., 2005).
4.3. Procédures chirurgicales
- Chirurgie du sac endolymphatique: Efficacité débattue (50-70%), morbidité faible (Kitahara et al., 2016).
- Neurectomie vestibulaire: Contrôle des vertiges dans 85-95% des cas mais risque plus élevé de complications (Foster & Breeze, 2013).
- Labyrinthotomie/Labyrinthectomie: Très efficace (>90%) mais entraîne une perte auditive complète (Nevoux et al., 2018).
4.4. Limitations des approches conventionnelles
Malgré ces options thérapeutiques, plusieurs limitations persistent:
- Absence de traitement curatif
- Efficacité variable et souvent temporaire
- Balance bénéfice-risque défavorable pour certaines interventions (ex: perte auditive avec la gentamicine)
- 20-30% des patients restent réfractaires aux traitements standards
- Effets secondaires significatifs des médicaments utilisés à long terme
- Coût élevé des procédures chirurgicales avec résultats inconstants
Ces limitations justifient l’exploration d’approches complémentaires comme l’acupuncture.
Acupuncture et Maladie de Ménière: Bases Théoriques
5.1. Concepts traditionnels
Dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC), la maladie de Ménière est conceptualisée comme un déséquilibre énergétique impliquant principalement:
- « Montée du Yang du Foie » (Gan Yang Shang Kang)
- « Déficience du Yin des Reins » (Shen Yin Xu)
- « Accumulation de Phlegme-Humidité » (Tan Shi)
Ces déséquilibres sont considérés comme provoquant des perturbations du flux d’énergie (Qi) et de sang dans les méridiens liés à l’oreille, entraînant les symptômes caractéristiques (Xu & Ge, 2012).
5.2. Mécanismes neurophysiologiques proposés
Plusieurs mécanismes d’action potentiels de l’acupuncture dans la maladie de Ménière ont été proposés:
- Modulation du flux sanguin cochléaire: Des études par Doppler transcrânien ont montré une amélioration de la microcirculation de l’oreille interne après traitement par acupuncture (Long et al., 2017).
- Effets neuromodulateurs: L’acupuncture stimulerait la libération d’endorphines et de sérotonine, modulant la transmission vestibulaire et réduisant l’hyperexcitabilité neuronale (Cheng, 2017).
- Régulation du système autonome: Équilibrage de l’activité sympathique/parasympathique, possiblement impliqué dans la régulation de la pression endolymphatique (Kim et al., 2020).
- Effets anti-inflammatoires: Réduction des cytokines pro-inflammatoires et des marqueurs de stress oxydatif au niveau de l’oreille interne (Lai et al., 2017).
- Plasticité neuronale: Facilitation des mécanismes de compensation vestibulaire centrale via la neuroplasticité (Zhang et al., 2019).
Des études d’imagerie fonctionnelle (IRMf) ont mis en évidence des modifications de l’activité cérébrale dans les zones liées au traitement vestibulaire après acupuncture chez des patients atteints de MM (Long et al., 2017).
Données Probantes sur l’Efficacité de l’Acupuncture
6.1. Essais cliniques randomisés
Plusieurs essais cliniques ont évalué l’efficacité de l’acupuncture dans la maladie de Ménière:
- Xu et al. (2015): Étude randomisée contrôlée (n=126) comparant acupuncture + traitement conventionnel vs traitement conventionnel seul pendant 12 semaines. Le groupe acupuncture a montré une réduction significative de la fréquence des crises de vertiges (-61% vs -33%, p<0.01) et des scores DHI améliorés (-22.4 vs -10.3 points, p<0.001).
- Long et al. (2017): Étude prospective (n=90) comparant trois protocoles d’acupuncture différents. Le groupe recevant une stimulation des points Baihui (GV20) et Fengchi (GB20) a montré la plus grande amélioration des symptômes (71.4% vs 63.3% et 53.8%, p<0.05).
- He et al. (2016): Essai contrôlé (n=72) comparant acupuncture vs bétahistine pendant 8 semaines. Taux de réponse similaire (68.5% vs 63.9%, p>0.05) mais meilleure amélioration de l’audition dans le groupe acupuncture (+8.5dB vs +2.8dB, p<0.05).
- Steinberger & Pansini (1983): Étude pionnière (n=36) montrant une réduction de 65% des épisodes vertigineux après 10 séances d’acupuncture vs 5% dans le groupe placebo.
- Yan et al. (2020): Étude récente (n=108) combinant acupuncture et électroacupuncture, montrant une efficacité de 74.5% sur la réduction des vertiges et une amélioration significative des acouphènes vs groupe contrôle (52.8%).
6.2. Méta-analyses et revues systématiques
- Kim et al. (2020): Méta-analyse de 12 essais (n=993) concluant que l’acupuncture, en complément du traitement conventionnel, améliore significativement les symptômes vertigineux (RR=1.56, IC 95% [1.31-1.86]), réduit les acouphènes (SMD=-0.58, IC 95% [-0.89 à -0.27]) et améliore l’audition (WMD=+5.7dB, IC 95% [3.1-8.3]).
- Zhang et al. (2019): Revue systématique de 14 études (n=1131) rapportant une efficacité globale de l’acupuncture de 78.4% vs 53.1% pour les médicaments seuls sur la réduction des symptômes.
- Shan et al. (2019): Méta-analyse incluant 4 essais de haute qualité méthodologique (n=296), montrant un bénéfice significatif de l’acupuncture sur les vertiges (OR=0.58, IC 95% [0.37-0.92]) et les acouphènes (OR=0.51, IC 95% [0.32-0.82]).
6.3. Effets sur les symptômes spécifiques
L’analyse des études montre des effets variables selon les symptômes:
- Vertiges: Composante la plus réactive, avec 65-85% des patients rapportant une amélioration significative (Kim et al., 2020).
- Acouphènes: Amélioration modérée dans 45-70% des cas, plus marquée pour les acouphènes fluctuants que constants (Zhang et al., 2019).
- Audition: Résultats plus limités, avec gains modestes (5-10dB en moyenne) chez 30-50% des patients, principalement pour les fréquences moyennes (Xu et al., 2015).
- Plénitude auriculaire: Amélioration rapportée chez 50-75% des patients, souvent parmi les premiers symptômes à répondre (He et al., 2016).
Protocoles d’Acupuncture Efficaces
7.1. Points d’acupuncture principaux
Les protocoles montrant les meilleurs résultats incluent généralement:
- Points locaux/régionaux:
- Fengchi (GB20): Point majeur pour les vertiges
- Tinggong (SI19): Spécifique pour l’audition
- Yifeng (TE17): Pour acouphènes et vertiges
- Hegu (LI4): Point distal important
- Waiguan (TE5): Méridien Triple Réchauffeur lié à l’oreille
- Points distaux:
- Taichong (LR3): Régulation du Yang du Foie
- Taixi (KI3): Tonification du Yin des Reins
- Zusanli (ST36): Régulation générale et énergie
- Sanyinjiao (SP6): Harmonisation des « trois Yin »
- Baihui (GV20): Abaissement du Yang en excès
7.2. Techniques de stimulation
Différentes techniques ont été évaluées:
- Acupuncture manuelle classique: Insertion des aiguilles avec stimulation manuelle (Deqi), maintenues 20-30 minutes, efficacité documentée dans la majorité des études (Xu et al., 2015).
- Électroacupuncture: Stimulation électrique (2-10Hz) des aiguilles, particulièrement efficace pour les vertiges et acouphènes, avec un effet plus rapide que l’acupuncture manuelle (Yan et al., 2020).
- Acupression: Alternative non-invasive, efficacité modérée, utilisable en auto-traitement (Long et al., 2017).
- Acupuncture auriculaire: Points spécifiques sur le pavillon, souvent en complément de l’acupuncture corporelle, efficacité additionnelle de 15-25% (He et al., 2016).
7.3. Fréquence et durée optimales
Les paramètres thérapeutiques optimaux semblent être:
- Phase aiguë (crise): 1 séance quotidienne pendant 3-5 jours
- Phase de stabilisation: 2-3 séances hebdomadaires pendant 4-8 semaines
- Phase d’entretien: 1 séance toutes les 2-4 semaines pendant 3-6 mois
Les protocoles étudiés rapportent un nombre total de 10 à 24 séances pour obtenir un effet optimal (Kim et al., 2020).
Sécurité et Effets Indésirables
L’acupuncture présente un profil de sécurité généralement favorable:
8.1. Effets indésirables mineurs
Rapportés chez 5-15% des patients (Zhang et al., 2019):
- Douleur locale temporaire au site d’insertion
- Petites ecchymoses
- Fatigue post-traitement
- Étourdissements légers pendant la séance
8.2. Effets indésirables graves
Extrêmement rares (<0.05% des cas) dans les études analysées:
- Aucun cas de pneumothorax ou de lésion nerveuse rapporté
- Aucune infection significative documentée
- Pas d’exacerbation prolongée des symptômes
8.3. Précautions particulières
- Attention particulière pour les patients sous anticoagulants
- Prudence lors de crises vertigineuses aiguës (positionnement adapté)
- Contre-indiqué en cas d’infection cutanée locale
Le rapport bénéfice/risque apparaît très favorable comparé aux traitements pharmacologiques et chirurgicaux conventionnels (Kim et al., 2020).
Coût-Efficacité de l’Acupuncture
9.1. Analyse coût-efficacité
Peu d’études ont spécifiquement évalué le rapport coût-efficacité de l’acupuncture dans la maladie de Ménière, mais les données disponibles suggèrent:
- Coût d’un protocole complet: 350€-800€ (15-24 séances) selon les pays et systèmes de santé (Xue et al., 2015).
- Réduction estimée des médicaments: 25-40% de réduction de la consommation médicamenteuse, représentant 120€-350€ d’économies annuelles (He et al., 2016).
- Impact sur l’absentéisme: Réduction de 30-45% des jours d’arrêt de travail, soit une économie indirecte de 450€-1800€ par patient actif et par an (Yan et al., 2020).
- Prévention des interventions invasives: Pour 15-25% des patients, l’acupuncture permettrait d’éviter ou de retarder les interventions chirurgicales, générant une économie potentielle de 750€-3000€ par patient concerné (Kim et al., 2020).
9.2. Ratio coût-efficacité différentiel (ICER)
Basé sur les données limitées disponibles:
- ICER estimé entre 3200€ et 7500€ par QALY gagné (Xue et al., 2015).
- Bien en-dessous des seuils d’acceptabilité habituellement considérés (20000€-50000€/QALY).
9.3. Couverture par les systèmes de santé
La prise en charge de l’acupuncture varie considérablement:
- Remboursement partiel ou total dans certains pays asiatiques (Chine, Corée, Japon)
- Couverture limitée en Europe (Allemagne, Suisse, Royaume-Uni)
- Remboursement rare aux États-Unis, sauf certaines assurances privées
L’amélioration du rapport coût-efficacité pourrait justifier une meilleure intégration dans les parcours de soins remboursés (Zhang et al., 2019).
Intégration dans le Parcours de Soins
10.1. Modèle d’intégration proposé
Sur la base des données disponibles, un modèle d’intégration optimale de l’acupuncture pourrait être:
Phase aiguë (crise)
- Traitement médical conventionnel (antivertigineux, anxiolytiques)
- Acupuncture adjuvante: 1 séance quotidienne pendant 3-5 jours
- Points clés: Fengchi (GB20), Baihui (GV20), Tinggong (SI19), Hegu (LI4)
Phase inter-critique/stabilisation
- Maintien des mesures hygiéno-diététiques
- Réduction progressive des médicaments selon réponse
- Acupuncture: 2 séances hebdomadaires pendant 6-8 semaines
- Points clés: ajout de Taichong (LR3), Taixi (KI3), Zusanli (ST36)
Phase d’entretien
- Acupuncture: 1 séance toutes les 2-4 semaines pendant 3-6 mois
- Apprentissage de l’auto-acupression sur points clés
- Réévaluation régulière et ajustement thérapeutique
Cas réfractaires
- Intensification du protocole d’acupuncture (ajout d’électroacupuncture)
- Combinaison avec acupuncture auriculaire
- Considération des options semi-invasives conventionnelles si échec
10.2. Indications préférentielles
L’acupuncture semble particulièrement indiquée pour:
- Patients en phase précoce de la maladie (moins de 5 ans d’évolution)
- Formes où les vertiges prédominent sur l’atteinte auditive
- Patients présentant des contre-indications aux traitements médicamenteux
- Patients réticents aux procédures invasives ou chirurgicales
- En complément de la rééducation vestibulaire
10.3. Coordination interprofessionnelle
Une approche multidisciplinaire est recommandée:
- Diagnostic et suivi audiométrique par ORL
- Coordination du plan thérapeutique global
- Pratique de l’acupuncture par professionnel formé
- Échanges réguliers entre intervenants
Limites des Données Actuelles et Perspectives
11.1. Limites méthodologiques
Malgré des résultats prometteurs, plusieurs limitations persistent:
- Hétérogénéité méthodologique: Variabilité des protocoles, critères d’évaluation et durées de suivi entre les études.
- Taille d’échantillon souvent limitée: Peu d’études de grande envergure (>200 patients).
- Difficulté d’insu: Le double aveugle est complexe en acupuncture, bien que certaines études utilisent des techniques « sham » (acupuncture factice).
- Durée de suivi généralement courte: La plupart des études suivent les patients moins d’un an, limitant l’évaluation de l’efficacité à long terme.
- Hétérogénéité diagnostique: Les critères d’inclusion varient entre les études, certaines incluant des cas probables ou possibles.
11.2. Questions non résolues
Plusieurs aspects nécessitent des investigations supplémentaires:
- Prédicteurs de réponse: Identification des facteurs cliniques ou biologiques prédisant une bonne réponse à l’acupuncture.
- Protocoles optimaux: Détermination des points, techniques et fréquences les plus efficaces.
- Effets à long terme: Persistance des bénéfices et impact sur l’histoire naturelle de la m
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