L'acupuncture pour soulager les intestins irritables à Paris - Dr Nguyen

L’ACUPUNCTURE, UN MOYEN DE SOULAGER LE SYNDROME DE L’INTESTIN IRRITABLE

 

Définition et prévalence

Le syndrome de l’intestin irritable (SII), également appelé syndrome du côlon irritable (SCI) ou encore colopathie fonctionnelle est un trouble du fonctionnement de l’intestin (le côlon étant un segment du gros intestin) qui affecte la qualité de vie des patients, en raison de sa chronicité. Il n’y a pas de lésions intestinales observables ni de malformation de l’appareil digestif.

Les principaux symptômes de ce trouble sont :

  • Des douleurs abdominales de type « colique » (sensation de barre en travers de l’abdomen), des douleurs au bas-ventre localisées à gauche ou à droite, des crampes (accentuation des douleurs au réveil) ;
  • Des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux) ;
  • Un inconfort intestinal (ballonnements, flatulences, borborygmes) ;
  • A quoi peuvent s’ajouter : nausées, régurgitations, anorexie, maux de tête, asthénie, lenteur de digestion…

En fonction des critères retenus (critères de Manning, établis en 1978 ou critères de Rome IV, établis en 2016), on estime que, dans les pays industrialisés, entre 10 et 15% de la population souffre d’un SII[1]. Les femmes sont deux à trois fois plus nombreuses que les hommes à être concernées. La plupart du temps, la maladie survient entre 30 et 40 ans, souvent (dans un cinquième des cas) à la suite d’une violente gastro-entérite ou d’un choc psychologique.

 

Diagnostic

Le diagnostic du SII n’est pas facile et prend parfois plusieurs années après l’apparition des premiers signes ; d’une part parce que les symptômes, peu spécifiques, peuvent être confondus avec ceux de la maladie de Crohn ou de la maladie coeliaque, d’autre part parce que les praticiens ne sont pas tous suffisamment formés à diagnostiquer le SII.

Comme il n’existe pas d’examen permettant d’établir avec une absolue certitude le diagnostic du SII, il s’agit, pour le praticien, d’observer les associations de symptômes et de procéder par élimination.

Le médecin va d’abord s’assurer que ni l’examen clinique, ni certains autres symptômes (sang dans les selles, fièvre, perte de poids, anémie…) n’évoquent une autre maladie de l’intestin (cancer colorectal, maladie de Crohn).

Le praticien prescrit une prise de sang pour rechercher des signes d’inflammation ou de maladie cœliaque (intolérance au gluten).

Une coloscopie est prescrite si certains critères sont réunis :

  • Grosseur au niveau du ventre ;
  • Cancer colorectal dans la famille ;
  • Présence de sang dans les selles ;
  • Patient de plus de 45 ans.

Enfin, le praticien s’orientera en particulier vers un diagnostic de SII si deux conditions sont réunies :

  • les troubles fonctionnels de l’intestin se manifestent plus de trois jours par mois, durant plus de trois mois, au cours des six derniers mois ;
  • lors des périodes de troubles, deux éléments au moins s’observent parmi les trois suivants : modification de la fréquence des selles (beaucoup plus ou beaucoup moins fréquentes) ; modification de la consistance des selles (diarrhée) ; soulagement des douleurs par la défécation.

 

Une meilleure compréhension du SII

La multiplication des études sur ce sujet a permis de renouveler et d’affiner les pistes physiopathologiques expliquant le SII. L’Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie[2] résume ainsi les cinq caractéristiques identifiées par la recherche ces dernières années :

  • Le SII est une maladie multifactorielle ;
  • L’hypersensibilité viscérale (qui peut parfois gagner la partie haute du tube digestif) concerne 50 à 60% des malades, en particulier ceux qui souffrent d’une forme diarrhéique ;
  • Une perméabilité para-cellulaire accrue, en favorisant la pénétration d’antigènes alimentaires et bactériens (qui déclenchent une réponse inflammatoire locale), joue un rôle dans la sensibilisation des terminaisons sensitives digestives ; un régime riche en lipides pourrait favoriser cette perméabilité ;
  • Le rôle délétère du microbiote est probable, même si les arguments en faveur de cette hypothèse physiopathologique ne sont encore qu’indirects ;
  • Les troubles psychologiques et l’exposition au stress ont un impact au niveau digestif.

 

Traitements possibles

On estime que le SII ne peut pas, à l’heure actuelle, être guéri. En revanche, de nombreuses options existent qui permettent de soulager considérablement les symptômes : antispasmodiques, laxatifs, antibiotiques en cure, certains probiotiques, antidépresseurs, homéopathie, hypnose…

Il est particulièrement important que le patient parvienne à contrôler son anxiété (hypnose, yoga…) et qu’il maintienne une activité sportive (qui accélère le transit des gaz).

Les régimes pauvres en « FODMAPs[3] » (glucides fermentés par les bactéries du côlon) ont prouvé une certaine efficacité[4], c’est-à-dire qu’ils soulageraient environ une personne sur deux. La menthe poivrée aurait apparemment des résultats sensibles sur une partie des patients[5].

Souvent, c’est la combinaison de plusieurs de ces moyens qui va apporter un soulagement maximal et il s’agit donc, avec le praticien, de tester et d’évaluer leur efficacité, au cours d’une phase d’expérimentation d’une durée moyenne de quatre à six semaines :

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L’apport de l’acupuncture

Selon une enquête menée par l’APSSII, 33% des personnes touchées par le syndrome de l’intestin irritable (SII) suivent, en plus de leur traitement médical, un traitement par homéopathie, 27% choisissent l’ostéopathie, 15% l’hypnose, 30% la relaxation et 27% l’acupuncture[6]. L’acupuncture est donc en bonne position dans le choix des patients, ce qui s’explique notamment par une efficacité étudiée et constatée dans de nombreuses études au fil des dernières décennies.

Une étude anglaise de 2012 a montré que les patients bénéficiant durant 10 semaines d’une séance d’acupuncture hebdomadaire en plus d’un traitement classique voyaient une amélioration nettement supérieure de leurs symptômes par rapport aux patients suivant simplement le traitement classique (49% d’amélioration versus 31%)[7].

D’autres études récentes confirment l’efficacité de l’acupuncture dans le soulagement des symptômes du SII[8]. Une étude de 2018, qui étudie la puncture des points E25, E37, E36, Rt6, VG20, et EX-HN3, chez les patients à SII de tendance diarrhéique, montre que l’acupuncture est d’une plus grande efficacité que certaines médications, avec pratiquement aucun effet secondaire[9].

 

Cela confirmerait les résultats déjà connus dans la recherche sur les animaux : la stimulation électrique du point E36 améliorerait l’hypersensibilité du côlon[10]. La stimulation du point E25 régulerait le métabolisme du glucose et améliorerait l’hypersensibilité intestinale[11]. La stimulation de E25 et E37 augmenterait le seuil de sensibilité douloureuse en réduisant la concentration de 5-HT et en augmentant celle de 5-HT4R[12].

Enfin, il semblerait que la moxibustion ait une réelle efficacité. Une équipe de l’Université Traditionnelle Chinoise de l’Université de Shanghai a réalisé une étude pour observer, grâce à l’IRMf cérébrale, les changements liés aux variations de la distension de l’ampoule rectale avant et après moxibustion chez des patients souffrant de SII. L’imagerie a montré que la moxibustion pouvait améliorer les symptômes et la qualité de vie des patients souffrant de diarrhée dans le SII ; la moxibustion permettrait également de diminuer la sensibilité rectale[13].

Face à un mal qui affecte parfois très lourdement la vie des patients et qui ne peut, pour l’instant, être soigné (seuls les symptômes sont traités), il importe donc d’explorer des pistes de soulagement qui, comme l’acupuncture, ont prouvé leur efficacité et sont dépourvues d’effets secondaires.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

 

[1] O. Grundmann, S. L. Yoon, « Irritable bowel syndrome : Epidemiology, diagnosis and treatment : An update for health-care practitioners. », J Gastroenterol Hepatol, 2010;25:691-9 ; R. M. Lovell et A. C. Ford, « Global prevalence of and risk factors for irritable bowel syndrome: a meta-analysis. », Clin Gastroenterol Hepatol, juillet 2012;10(7):712-721.

[2] https://www.fmcgastro.org/postu-main/postu-2013-paris/textes-postu-2013-paris/syndrome-de-lintestin-irritable-de-la-physiopathologie-au-traitement/

[3] Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides and Polyols.

[4] H. M. Staudacher, K. Whelan, O. M.  Irving et al., « Comparison of symptom response following advice for a diet low in fermentable carbohydrates (FODMAPs) versus standard dietary advice in patients with irritable bowel syndrome. », J Hum Nutr Diet, 2011, 24:487-95.

[5] N. Alammar, L. Wang, B. Saberi, J. Nanavati, G. Holtmann, R. T. Shinohara, G. E. Mullin, « The Impact of Peppermint Oil on the Irritable Bowel Syndrome: A Meta-Analysis of the Pooled Clinical Data », BMC Complement Altern Med, 17 janvier 2019 ;19(1):21.

[6] H. Hagege, « Les traitements alternatifs dans le syndrome de l’intestin irritable. », Gastroenterol Clin Biol 2009, 33: S79-S83.

[7] H. Macpherson, H. Tilbrook, M. J.  Bland, K. Bloor, S. Brabyn, H. Cox, A. R. Kang’ombe, M. S. Man, T. Stuardi, D. Torgerson, I. Watt, P. Whorwell, « Acupuncture for irritable bowel syndrome: primary care based pragmatic randomised controlled trial. », BMC Gastroenterol., 2012 Oct 24;12(1):150.

[8] Guan-Qun Chao et Shuo Zhang, « Effectiveness of acupuncture to treat irritable bowel syndrome: A meta-analysis », World J Gastroenterol. 2014 Feb 21; 20(7): 1871–1877 ; voir également E. Manheimer, L. S. Wieland, K. Cheng et al., « Acupuncture for irritable bowel syndrome: systematic review and meta-analysis », American Journal of Gastroenterology, vol. 107, no. 6, p. 835-847, 2012.

[9] Lingping Zhu, Yunhui Ma, Shasha Ye et Zhiqun Shu, « Acupuncture for Diarrhoea-Predominant Irritable Bowel Syndrome: A Network Meta-Analysis », Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, Volume 2018.

[10] W. L. Zhu, L. I. Ying, L. F. Zhang, J. Zhu, J. M. Yang, and X. Y. Shen, « Different effects in ibs model rats by electro-acupuncture of zusanli(st36) and tianshu(st25) on stomach meridian », Journal of Traditional Chinese Medicine & Pharmacy, vol. 29, no. 3, pp. 736–738, 2014.

[11] C. T. Zuo, X. L. Wang, Y. H. Guan, and H. J. Wu, « Study of brain fdg-pet mapping in patients with d-ibs treated by electrical acupuncture on st25 », Society of Nuclear Medicine Annual Meeting Abstracts.

[12] H.-R. Liu, X.-M. Wang, E.-H. Zhou et al., « Acupuncture at both ST25 and ST37 improves the pain threshold of chronic visceral hypersensitivity rats », Neurochemical Research, vol. 34, no. 11, pp. 1914–1918, 2009.

[13] Y. Zhu, Z. Wu, X. Ma, H. Liu, C. Bao, L. Yang, Y. Cui, C. Zhou, X. Wang, Y. Wang, Z. Zhang , H. Zhang, H. Jia, H. Wu, « Brain regions involved in moxibustion-induced analgesia  in irritable bowel syndrome with diarrhea: a functional magnetic resonance imaging study. », BMC Complement Altern Med. 2014, 16 déc. ;14: 500.

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