Sinusite chronique

APPORT DE L’ACUPUNCTURE DANS LE TRAITEMENT DE LA SINUSITE CHRONIQUE

 

Prévalence

 

On estime que la sinusite toucherait 10 à 15% de la population[1].

Les sinusites aiguës sont brèves (une dizaine de jours en général et pas plus de quatre semaines), mais les sinusites chroniques peuvent durer plus de douze semaines et correspondent souvent à des sinusites aiguës non ou mal traitées. C’est pourquoi il importe de repérer les symptômes d’une chronicisation de la sinusite et de la prendre en charge de façon adéquate, sur plusieurs plans.

 

Localisation de la sinusite

 

Ce qu’on appelle couramment une sinusite est une inflammation des sinus de la face.

Les sinus sont situés de chaque côté et au-dessus du nez et des yeux, dans les os de la mâchoire supérieure et du front :

  • sinus frontaux (au-dessus des sourcils),
  • sinus maxillaires (de part et d’autre du nez),
  • sinus sphénoïdaux (en arrière et au-dessus des yeux),
  • sinus ethmoïdaux (entre le nez et le coin interne des yeux).

Les sinus frontaux et maxillaires sont des cavités tapissées d’une muqueuse et remplies d’air, qui communiquent avec les fosses nasales par des orifices. Il ne faut donc pas confondre la sinusite avec la rhinite, qui est une inflammation de la muqueuse des fosses nasales.

 

Mécanismes de la sinusite

 

Normalement, la sécrétion de la muqueuse des sinus s’écoule dans le pharynx. S’il y a infection virale (grippe) ou réaction allergique, il y a gonflement de la muqueuse, d’où un rétrécissement à l’intérieur du nez, d’où un blocage de l’écoulement des sécrétions. Les sinus ne sont donc plus assez aérés et des pathogènes (bactéries) peuvent venir s’incruster dans la muqueuse et y provoquer irritation ou inflammation.

En outre, par l’effet de la proximité anatomique, l’inflammation des sinus peut s’étendre au pharynx, au larynx ou aux bronches. Certaines formes anatomiques de l’intérieur du nez ou des polypes peuvent aussi contribuer à gêner la circulation de l’air et des sécrétions. Enfin, les facteurs environnementaux (poussière, vapeurs nocives) peuvent irriter la muqueuse et favoriser l’apparition de la sinusite.

Le rhume est l’étiologie la plus fréquente de la sinusite aiguë : chez l’adulte, on estime qu’environ 2,5 % des rhumes (10% chez les enfants) débouchent sur une sinusite aiguë. En effet, lors d’un rhume, il se produit une inflammation de la muqueuse nasale, ce qui obstrue les orifices sinusaux et empêche les sécrétions d’être drainées.

Symptômes

Généralement, une sinusite aiguë guérit spontanément dans un délai d’une à quatre semaines ; mais environ 10 % des individus manifestent des symptômes persistants. On parle de sinusite chronique lorsque l’inflammation dure plus de trois mois ou se produit plus de trois fois par an. Il s’agit donc d’être attentif aux symptômes de la sinusite chronique pour la distinguer de la sinusite aiguë et ainsi engager, si nécessaire, un protocole de soins de fond.

  • Sinusite aiguë
    • Pulsations au-dessus des sinus ;
    • Douleurs derrière ou entre les yeux, dans la mâchoire supérieure ;
    • Maux de tête ;
    • Ecoulement nasal glaireux (origine bactérienne) ou aqueux ;
    • Nez bouché ;
    • Perte d’audition ;
    • Fièvre ;
    • Fatigue.
  • Sinusite chronique
    • Sécrétions nasales ;
    • Eternuements ;
    • Maux de tête ;
    • Troubles olfactifs ;
    • Nez bouché ;
    • Maux de gorge ;
    • Propagation dans les bronches.

A noter que si la rhinite partage une partie de ses symptômes avec la sinusite, cependant, la rhinite allergique a quelques symptômes spécifiques (yeux rouges, oreilles bouchées, paupières gonflées)[2]. Par ailleurs, certains symptômes sont signes de complications (yeux ou paupières gonflés, yeux rouges, vision dédoublée, migraine frontale très sévère) et il faut être vigilant en cas de doute.

Traitement

En cas de sinusite chronique, un certain nombre de gestes simples peuvent contribuer à réduire la gêne et les douleurs :

  • Boire abondamment, car cela aide à décongestionner ;
  • Humidifier l’air (de préférence par humidificateur électrique, pour éviter les bactéries des humidificateurs à eau) ;
  • Pommades pour humidifier la muqueuse nasale (les gouttes décongestionnantes dessèchent à la longue) ;
  • Faire des inhalations (camomille, sauge ou eau salée) pour fluidifier les sécrétions.
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Intérêt de l’acupuncture

En outre, des études de plus en plus nombreuses signalent l’aide que l’acupuncture peut apporter dans le traitement de la sinusite chronique[3]. L’acupuncture serait efficace parce qu’elle : stimulerait les nerfs situés dans les muscles[4], augmenterait la sécrétion d’endorphine et de neuropeptides Y[5], réduirait l’inflammation[6], améliorait l’activité des cellules natural killers et modulerait le ratio des cellules immunitaires[7], favoriserait la microcirculation locale[8].

 

Points de puncture

Les méthodes et le type de points à traiter varient un peu d’un praticien à l’autre ; les points couramment utilisés pour des problèmes liés aux sinus sont :

 

  • Bitong (point supplémentaire dit aussi EM7) ;
  • Yingxiang (GI20) ;
  • Hegu (GI4) ;
  • Quchi (GI11) ;
  • Juliao (E3) ;
  • Yangbai (VB14) ;
  • Fenglong (E40) ;
  • Shangxing (VG23) ;
  • Sibai (E2) ;
  • Zanzhu (VI2).

 

On peut aussi mentionner[9] :

 

  • VB20 (Fengchi) ;
  • GI4 (Hegu) ;
  • E36 (Zusanli).

 

Certains points sont plus spécifiquement associés à certains symptômes[10] :

 

  • Pour ouvrir les sinus: GI 4; GI 20; Bitong; E 1/2/3; VG 22/23/24; V 2; VB 20; VB 14 ;
  • Congestion nasale : Bitong.
  • Oreilles bouchées : TR 17. On peut ajouter VB 2, IG 19 ou TR 21 avec une insertion profonde pour les oreilles bouchées.

 

Certains points peuvent être puncturés en fonction du profil en termes de médecine traditionnelle chinoise[11] :

 

  • Chaleur au foie/vésicule biliaire : VB 2 ;
  • Problèmes de digestion : IG 19 ;
  • Problème de métabolisme de l’eau : TR 21 ;
  • Problèmes de digestion et goutte au bout du nez : VC 12 ;
  • Obstruction du phlegme : E 40 ;
  • Symptômes froids : GI 4 ; P 7 ; TR 5 ; VB 20 ;
  • Douleurs nasales : E 44 ;
  • Chaleur, infection : GI 4, E 44 ;
  • Pour des points localement douloureux : VB 14, E 2, GI 20 et tai yang.

 

Acupression

Quelques praticiens proposent un traitement par acupression, qui permet d’aider à décongestionner les sinus, d’améliorer l’écoulement nasal et de réduire les maux de tête. Il s’agit d’exercer une pression d’une minute ou deux centralisée sur des points du crâne, du pourtour nasal et du front.

On peut signaler cinq points :

  •  trois dans la zone du front (Xinhui au sommet du crâne, Yintang en haut du nez entre les sourcils, Taiyang et Sizhukong sur la tempe et la pointe du sourcil) ;
  • deux dans la zone maxillaire (le long des arêtes du nez et également Yingxiang en bas du nez à 1 cm à côté de chaque narine).

 

Une approche globale

D’une façon générale, les études tendent à montrer qu’il est bon d’adopter un protocole de soins complet, c’est-à-dire incluant mode de vie, alimentation, acupuncture, traitements locaux[12].

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.


[1] Stewart M, Ferguson B, Fromer L., “Epidemiology and burden of nasal congestion”, Int J Gen Med. 2010 Apr 8;3:37-45.

[2] Voir Collège français ORL et CCF, item 55 « Savoir distinguer et reconnaître rhinite chronique et sinusite chronique, allergique, ou non allergique », http://umvf.omsk-osma.ru/orl/enseignement/Objectifs/55.htm

[3] An Hua, Qinhuangdao Port Hospital, Hebei, China. « Treatment of 85 Cases with Chronic Rhinitis by Acupuncture. » J. Acupunct. Tuina. Sci. 2010, 8 (5): 318.

[4] Zhao ZQ. “Neural mechanism underlying acupuncture analgesia.” Prog Neurobiol 2008; 85: 355-75 ; Cheng KJ., “Neuroanatomical basis of acupuncture treatment for some common illnesses.”,  Acupunct Med 2009;27: 61-4.

[5] Han JS. “Acupuncture and endorphins.”, Neurosci Lett 2004; 361: 258-61.  ; Lee B et al. “Effects of acupuncture on chronic corticosterone-induced depression-like behavior and expression of neuropeptide Y in the rats.” Neuroscience Letters 2009; 453: 151-6.

[6] Zijlstra FJ et al. “Anti-inflammatory actions of acupuncture.” Mediators Inflamm 2003; 12: 59-69 ; Kavoussi B, Ross BE. “The neuroimmune basis of antiinflammatory acupuncture.” Integr Cancer Ther 2007; 6: 251-7.

[7] Kawakita K et al. “Do Japanese style acupuncture and moxibustion reduce symptoms of the common cold?” eCAM 2008; 5: 481–9.

[8] Komori M et al. “Microcirculatory responses to acupuncture stimulation and phototherapy.” Anesth Analg 2009; 108: 635-40.

[9] An Hua, Qinhuangdao Port Hospital, Hebei, China. « Treatment of 85 Cases with Chronic Rhinitis by Acupuncture. » J. Acupunct. Tuina. Sci. 2010, 8 (5): 318.

[10] https://www.acupuncturetoday.com/mpacms/at/article.php?id=28181

[11] https://www.acupuncturetoday.com/mpacms/at/article.php?id=28181

[12] Bell IR, Caspi O, Schwartz GE, et al.  “Integrative medicine and systemic outcomes research: issues in the emergence of a new model for primary health care.”  Arch Intern Med. 2002;162(2):133-14011802746.

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