Apport de l’Acupuncture dans le traitement des Pathologies de la grossesse
Moment crucial pour l’équilibre de la femme, du couple, de la société même, la grossesse est celui de toutes les interrogations, de tous les doutes et, bien souvent, des angoisses, du moins des inquiétudes. Que puis-je manger ? Est-ce normal que je sois déprimée ? Pourquoi suis-je si fatiguée ? Comment éviter les nausées ? Comment réussir à dormir ? Les flous qui cernent ce processus sont symptomatiques d’un état de crise, au sens du grec ancien. Car la grossesse induit bien un bouleversement physiologique aussi bien que psychologique pour la future mère.
Pour ne rien arranger, alors que ces questions touchent la corde la plus sensible de l’Humain, c’est-à-dire la Vie, elles se perdent trop souvent dans le lacis tropical des manuels et forums sociaux dont les réponses sont pour le moins contradictoires. Qu’à cela ne tienne, il s’agit d’un commerce fructueux qui n’est pas près de se tarir.
Aussi l’objet de l’acupuncture n’est-il pas de gonfler la crue de ces « observations » et « conseils » avisés. Comme médecine alternative elle propose au contraire un accompagnement effectif de la femme tout au long du processus. Du maintien préventif de l’équilibre énergétique à l’accouchement elle offre une réponse à une diversité de maux et de syndromes pouvant troubler la bonne évolution de la grossesse.
Principes généraux
L’approche acupuncturale de la grossesse repose, comme l’ensemble de la médecine traditionnelle chinoise, sur l’interaction et l’équilibre cosmologique du Yin et du Yang. Ceux-ci trouvent à s’exprimer dans les mécanismes les plus élémentaires de la grossesse. La période de gestation se traduit ainsi par une accumulation de Yin dans l’abdomen et le pelvis à laquelle se substituera une phase de mécanismes Yang aboutissant à l’expulsion. « Le Yang chasse le Yin ».
La grossesse étant assimilée à un mouvement descendant de Qi dans l’organisme, l’acupuncteur aura soin d’éviter toute manipulation pouvant stimuler prématurément ce phénomène. Néanmoins, pour le bon déroulement du processus, il convient d’assurer l’harmonie énergétique du corps de la femme et corriger les déséquilibres potentiels. Il s’agit d’un préalable à tout autre traitement. En effet un Qi harmonieux et une bonne circulation du sang conditionnent, dans la limite des caractéristiques physiques de la mère, un accouchement optimal.
Deux syndromes sont donc à éviter : La faiblesse ou vide du Qi et du sang. Résultant le plus souvent d’un vide du Qi des reins ou à une perturbation de la rate agissant sur l’estomac quelques signes généraux ou antécédents nous permettent d’en préciser la probabilité.
Risque de vide de reins : probable en cas de multiparité et en particulier si les grossesses sont rapprochées, en cas d’antécédent de fausses couches.
Risque de vide de rate-estomac : probable en l’absence d’alimentation depuis plus de 10 ou 12 heures ou en cas de troubles chroniques du sommeil.
Risque de vide de Qi et de sang : très probable en cas de rupture prématurée des membranes. Cette dernière provoque en effet une perte de sang et donc de Qi, générant de ce fait un vide.
La stagnation du Qi et du sang. Ce syndrome résulte le plus souvent de la stagnation du Qi du foie ou, comme précédemment, d’une perturbation de la rate et de son action sur l’estomac.
Comment répondre aux pathologies liées à la grossesse
La grossesse est rarement asymptomatique. Aussi l’acupuncture propose-t-elle un traitement doux des principaux maux qu’elle engendre.
Les nausées.
Associées à un reflux ascendant de Qi ils se soulagent en agissant sur les points Neiguan (6MC ou point de vomissement), Youmen (21 Rn) ou leur combinaison au point Zhongwan (12 VC). Inversement, les points Zusanli (36 E) et Neiting (44 E) sont à proscrire en raison de leur tendance à provoquer un mouvement descendant de Qi. Aussi, si l’association précédente se révélait insuffisante, est-il possible de traiter les points Fenglong (40 E) ainsi que les points Shu du dos.
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224 Avenue du Maine Paris, 14èmeLes douleurs de l’appareil locomoteur
Les lombo-sciatalgies.
Elles sont très fréquentes dans la seconde moitié de la grossesse. Une action sur le point 60 V est parfaitement praticable et bénéfique dans la mesure où il renforce également les lombes et les reins et donc agit préventivement par la suite. Le Zhiyin (67 V), comme point de traitement des tendons et muscles du méridien Taiyang favorisant la descente de la tête du fœtus est également utilisable en aiguille chauffée ou en moxa exclusivement dans les derniers jours de la grossesse.
Syndrome de Lacomme
Ce syndrome douloureux est un cas d’action privilégiée de l’acupuncture. Le traitement consiste à puncturer localement les points d’insertion des « méridiens tendino-musculaires ». Il est indiqué notamment de traiter le point Zhubin (9Rn), point Xi du méridien Ynwei empêchant les spasmes de la grossesse et notamment ceux du bas-ventre et de la vessie.
Syndrome vasculo-rénaux de la grossesse
Divers états pathologiques réunissent à des degrés divers la triade symptomatique protéinurie/œdèmes/hypertension artérielle. L’éclampsie peut alors en constituer l’empirée. Favorisés par le froid, une alimentation copieuse, riche en ptomaïnes ainsi que la fatigue, environ 5% des femmes présentent dans les dernières semaines de la grossesse, un ou plusieurs de ces symptômes.
Œdèmes
Vide de rate, stagnation d’humidité et vide de reins en sont les principales origines. Les deux premiers cas se rencontrent habituellement chez les patientes primigestes ou nullipares. Le vide des reins se rencontre inversement davantage dans les autres cas. Plusieurs actions nous permettent d’y répondre.
La tonification de la rate par le traitement des points Pishu (20 V) et Gongsun (4 Rt).
La dispersion de l’humidité par la puncture combinée des points Dadu (2 Rt), Taibai (3 Rt) et Shangqiu (5 Rt).
La tonification du rein par le traitement des points Shenshu (23 V), Fului (7 Rn) ou Guanchong (1 TR), ce dernier étant davantage indiqué pour traiter la gêne urinaire provoquée par la position du fœtus.
Troubles tensionnels
Les HTA dues à des vides de Yin étant souvent améliorées lors de la grossesse, les étiologies restantes sont donc principalement le feu du foie, l’accumulation d’humidité et/ou de glaires, l’agitation interne du vent du foie avec signes de vide de Yin. Un traitement sur les points Fengchi (20 VB, point mettant en mouvement le yang accumulé dans la tête vers le reste du corps), Fengfu (16 VG), Taixi (3 Rn, tonifiant le yin du rein et donc par suite celui du foie) peut s’avérer particulièrement efficace.
L’acupuncture propose non seulement de répondre aux maux de la patiente mais l’accompagne également dans les derniers temps de la grossesse afin d’optimiser le stade ultime de l’accouchement. Plusieurs manipulations viseront ainsi à prévenir la menace d’accouchement prématuré induite par la présence de contractions trop fréquentes dès le sixième mois de la grossesse. Il se prévient notamment par puncture du point Zhongji (3VC) ou Zhubin (9 Rn). La malposition fœtale fait également l’objet d’une attention certaine. Le thérapeute agira sur le point Zhiyin (667 V), traité par des aiguilles chauffées ou par moxibustion. Le traitement est à effectuer au plus tard entre les 34ème et 35ème semaines de grossesse pour espérer obtenir un bon taux de réussite. Ces actions préventives seront complétées par la constitution d’un terrain favorable au travail pour lequel l’équilibre du Qi et la bonne circulation du sang sont des préalables. L’acupuncture propose un certain nombre de manipulations permettant de préparer la patiente psychologiquement et physiologiquement. Ainsi l’anxiété pouvant être ressentie à l’approche de l’échéance se traitera particulièrement bien par puncture des points Tongli (5 C) et Shenmen (7 C). La préparation du périnée pourra s’effectuer grâce à la puncture régulière du point Huiyang (35 V). Enfin la maturation du col pourra se préparer par traitement des points Zhigou (6 RT) et Guanyuan (4 VC).
L’acupuncture propose un accompagnement bénéfique de la future mère tout au long de sa grossesse. Elle prévient les syndromes aussi bien qu’elle les guérit et traite tant de l’aspect physiologique du processus que de ses implications psychologiques. Comme le mentionnent la plupart de nos collègues, notre action doit être guidée par la prudence et reposer sur ces deux consignes:
Ne pas perturber l’équilibre énergie/sang de l’organisme
Ne pas provoquer de mouvements énergétiques intempestifs.
Dr. Nguyen Phuong Vinh
