Apport de l’Acupuncture dans le traitement de la stérilité
Les problèmes de fertilité
La conception d’un enfant apparaît généralement comme la conséquence logique de la relation de couple, consolidation du lien amoureux ou accomplissement d’un désir viscéral. Cependant, ce n’est pas moins d’un couple sur six qui connaît des problèmes de fécondité, parfois graves et longs à régler. L’épreuve est d’autant plus lourde à supporter pour les deux parties du couple que des affects pénibles (déception, souffrance, colère, culpabilité…), plus ou moins partagés, viennent se greffer sur une situation déjà compliquée médicalement. Les traitements existants contre la stérilité sont parfois contraignants, la sexualité devient le lieu d’un enjeu qui tourne à l’obsession et les rapports sentimentaux du couple en souffrent ; parfois, la médecine peine d’ailleurs à trouver des explications scientifiques à l’infertilité, laissant le couple dans une incertitude presque aussi angoissante que le diagnostic de stérilité.
Pour l’homme et la femme désormais entièrement tendus vers leur désir d’enfant, d’autres voies s’ouvrent bien entendu, celle de l’adoption, souvent parcours du combattant, celle de la fécondation in vitro (qui n’offre qu’environ 20% de réussite) ; mais les conséquences psychologiques (l’attente, le sentiment d’impuissance) et physiologiques (les injections massives d’hormones destinées à stimuler la production d’ovocytes) de ces autres voies sont rarement anodines. C’est ici que la médecine traditionnelle chinoise, tout particulièrement l’acupuncture, peut ouvrir de nouveaux horizons d’espoir au couple lancé dans sa quête d’enfant ; depuis quelque temps, l’on observe même que de plus en plus de patients consultent d’emblée un acupuncteur, sans passer par un spécialiste, pour traiter leurs problèmes de fertilité. C’est que l’acupuncture, respectueuse du corps et de l’équilibre de ses énergies, se montre incontestablement plus sensible au devenir du corps et à l’harmonie psychologique.
Pourquoi l’acupuncture ?
Certes, l’acupuncture seule ne pourra jouer un rôle décisif que si la stérilité n’est pas liée à des causes mécaniques, tant chez la femme (cancer de l’utérus, endométriose, fibrome, obturation cicatricielle des trompes, infection chronique) que chez l’homme (stérilité du sperme). D’où la nécessité de pratiquer, chez la femme, une hystérographie (contrôler le libre passage dans les trompes et l’intégrité des parois de l’utérus) et un frottis, ainsi que de vérifier qu’il n’existe pas de perturbation endocrinienne (bilan thyroïdien et hypophysaire) et que les ovaires ne présentent pas d’anomalie (kyste, sclérose, tumeur). Du côté de l’homme (40% des cas d’infertilité étant liés à l’homme), il s’agira d’effectuer un spermogramme, de manière notamment à déterminer si le sperme n’est pas marqué par une absence totale de spermatozoïdes (azoospermie).
S’il n’y a pas de causes mécaniques identifiées à l’infertilité, l’acupuncture offre alors des possibilités de traitement précisément adaptées aux cas des patients, femmes et hommes, l’ensemble du processus de soins demeurant le fruit d’une collaboration des deux moitiés du couple, guidées par le médecin dans leur sexualité. En effet, le corps de la femme ne libérant le plus souvent qu’un seul ovule par mois, tandis que l’homme produit normalement environ 500 millions de spermatozoïdes par jour, il importe par exemple que les rapports sexuels soient autant que possible localisés aux moments fécondables, ce afin d’augmenter la concentration des spermatozoïdes ; d’autres pratiques corollaires sont également à intégrer dans la vie du couple (évitement des lavages post-coïtaux, observation de la position couchée après le coït…) pour une meilleure efficacité de la thérapie.
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224 Avenue du Maine Paris, 14èmeLe traitement
Avant que les séances de puncture ne commencent, un certain nombre d’examens du terrain du patient ou de la patiente sont cependant nécessaires. Chez l’homme, le spermogramme révèlera ainsi s’il y a oligospermie (spermatozoïdes en nombre insuffisant) ou encore astheno-spermie (mauvaise motilité et/ou formes anormales des spermatozoïdes), et les résultats seront à rapporter à la fréquence moyenne des rapports sexuels. Si pourtant la spermatogénèse est normale et que la femme ne souffre pas d’empêchements mécaniques, l’infertilité est à mettre en lien avec un défaut dans le mécanisme d’ovulation, c’est-à-dire avec un vide d’énergie productrice de l’ovule.
D’une part il s’agira de déterminer la dominante énergétique (Tae Inn, Chao Inn, Yang Ming) et d’évaluer la sexualité de la patiente (présence de pulsions ou non, ce au cours des années et/ou relativement au cycle, environnement psychologique). D’autre part, il s’agira d’essayer, au moyen de la courbe des températures, de déterminer la date de la ponte ovulaire et donc le moment des séances de puncture.
Que ce soit l’homme ou la femme qui soient « responsables » de l’infertilité, ce sont les deux mêmes ensembles de points que l’acupuncteur va stimuler, à savoir le Chong Mo (dont l’action principale est de transmettre la vie) avec les points 4 Rte, 3R, 4 et 5VC, 6VC, 22VC, 30E, 6MC, et les champs de Cinabre avec les points 4VG, 23V, 31V, 7R, puis 30E, 6VC, 5VC, 12VC. Chez l’homme, la stimulation par puncture s’étendra sur 4 ou 5 séances, après quoi l’on vérifiera si le nombre des spermatozoïdes ou leur motilité augmentent. Chez la femme, le traitement se déroulera sur 2 ou 3 cycles, à raison de 2 séances pré-ovulation (ou en tous les cas situées entre le 6ème jour et le 14ème jour après le début des règles, notamment en ce qui concerne la stimulation des champs de cinabre) et d’une séance post-ovulation (entre le 14ème jour et les 18ème-19ème jours après le début des règles) ; puis ce traitement sera interrompu durant 3 cycles et repris sur 2 ou 3 cycles, ce jusqu’à 3 séries.
Notons que dans la stimulation du Tchong Mo, c’est le point 30E qui apparaît comme la véritable charnière du processus, comme le point de puncture déterminant ; on le stimule de préférence de manière électrique (10HZ), de façon à ce que la patiente ressente les pulsations mais aucune douleur (normalement plutôt une chaleur au bas-ventre et une certaine excitation sexuelle).
Les bénéfices
L’un des avantages, non négligeable, du traitement par l’acupuncture, est qu’il stimule sensiblement la sexualité de la patiente, généralement au contraire mise à mal par les contraintes du parcours de soins classique. Par ailleurs, la manière dont la médecine traditionnelle chinoise s’applique à prendre en compte la totalité du corps, accordant une place importante à la parole, permet non seulement aux patients, hommes et femmes, de vivre la thérapie dans une certaine sérénité psychologique et physique, mais encore protège à un degré appréciable l’intégrité de la relation mutuelle du couple. Leurs énergies internes rééquilibrées, l’homme et la femme sont prêts à accueillir dans l’harmonie le petit être qui comblera enfin leurs désirs. Avoir recours à une thérapie par l’acupuncture, c’est donc ménager le corps et la psyché pour l’avenir et pour l’enfant qui en fera désormais partie ; mais c’est aussi trouver une vraie réponse aux énigmes parfois posées par le domaine délicat de la fécondité. Il semblerait par exemple que, dans certains cas plus rares, la stérilité du couple soit due à un problème immunologique, auquel l’acupuncture pourrait également apporter des solutions ; on a en effet pu observer que les 3 différents groupes d’immunoglobulines (Ig E, Ig G et Ig M) paraissent correspondre aux 3 grandes articulations de la formule du Tchong Mo. Il reste certes encore aux chercheurs spécialisés dans la médecine traditionnelle chinoise à explorer ces autres aspects de l’efficacité de l’acupuncture dans le traitement contre la stérilité ; mais les travaux actuels vont en tous les cas dans le sens de l’espoir, élargissant toujours l’horizon du potentiel d’efficacité de l’acupuncture. La stérilité apparaît ainsi de moins en moins comme une fatalité.
Dr. Nguyen Phuong Vinh.
