Azoospermie et acupuncture (1) : Contexte, impacts et coûts

Azoospermie et acupuncture à Paris

L’azoospermie, caractérisée par l’absence de spermatozoïdes dans l’éja- culat, est une cause majeure d’infertilité masculine, affectant environ 1 % des hommes et 10 à 15 % des hommes infertiles. Cet article examine les en- jeux cliniques et sociétaux de l’azoospermie, son épidémiologie, ses facteurs de risque, son impact sur la fertilité, ses conséquences psychologiques, les surcoûts liés à la procréation médicalement assistée (PMA), ainsi que les coûts économiques et l’impact macroéconomique. Les perspectives incluent les avancées en diagnostic génétique et les thérapies émergentes. Les résul- tats soulignent la nécessité d’une prise en charge multidisciplinaire pour améliorer les résultats reproductifs et la santé globale des patients.

 

Contexte et enjeux

L’azoospermie, définie comme l’absence totale de spermatozoïdes dans l’éja- culat après analyse de deux échantillons centrifugés, est une forme sévère d’in- fertilité masculine 1. Elle se divise en deux types principaux : l’azoospermie obs- tructive (AO), causée par une obstruction des voies génitales, et l’azoospermie non obstructive (ANO), liée à un échec de la spermatogenèse 2. L’azoospermie pose des défis cliniques, psychologiques et économiques, car elle empêche la conception naturelle et nécessite souvent des techniques de procréation médica- lement assistée (PMA), comme l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) 3. Les enjeux incluent l’identification des causes sous-jacentes, la gestion des risques pour la santé générale (notamment un lien avec des maladies systé- miques comme le cancer) et les implications pour la santé des descendants 4.

 

Épidémiologie

L’azoospermie touche environ 1 % des hommes dans la population générale et 10 à 15 % des hommes consultant pour infertilité 5. Avec une population mon- diale d’environ 3 milliards d’hommes en âge reproductif, cela représente envi- ron 10 millions d’hommes azoospermiques 6. L’azoospermie obstructive repré- sente environ 40 % des cas, tandis que l’azoospermie non obstructive domine avec 60 % 7. La prévalence varie selon les régions, avec des taux légèrement plus élevés dans les zones à forte consanguinité en raison de facteurs génétiques 8. Les hommes jeunes (moins de 40 ans) sont les plus affectés, souvent diagnosti- qués lors d’une évaluation pour infertilité de couple.

 

Facteurs de risque

Les facteurs de risque de l’azoospermie sont multiples et dépendent de son type :

  • Facteurs génétiques : Les anomalies chromosomiques, comme le syn- drome de Klinefelter (47,XXY), et les microdélétions du chromosome Y (ré- gions AZFa, AZFb, AZFc) sont des causes fréquentes de l’ANO 9. Les muta- tions du gène CFTR sont associées à l’absence congénitale bilatérale des canaux déférents (CBAVD), une cause majeure d’AO 10.
  • Facteurs environnementaux : L’exposition aux toxines (pesticides, mé- taux lourds), la chaleur excessive (saunas fréquents), et les radiations peuvent altérer la spermatogenèse 11.
  • Facteurs médicaux : Les infections (orchite, épididymite), les torsions tes- ticulaires non traitées, et les cryptorchidies augmentent le risque d’azoo- spermie 12. Les traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie sont également des causes iatrogènes.
  • Facteurs liés au mode de vie : L’obésité, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et l’usage de stéroïdes anabolisants sont des facteurs modifiables 13.

Références

  1. Cocuzza, M., Alvarenga, C., & Pagani, R. (2013). The epidemiology and etiology of azoosper- Clinics, 68(S1), 15–26. https ://doi.org/10.6061/clinics/2013(sup01)03
  2. Punjani, , Kang, C., & Lamb, D. J. (2021). Current updates and future perspectives in the evaluation of azoospermia : A systematic review. Arab Journal of Urology, 19(3), 206–214. https ://doi.org/10.1080/2090598X.2021.1955558
  3. Esteves, S. C., et al. (2024). Non-obstructive azoospermia and intracytoplasmic sperm in- jection : Unveiling the chances of success and possible consequences for offspring. Journal of Clinical Medicine, 13(16), 4939. https ://doi.org/10.3390/jcm13164939
  4. Cioppi, F., Rosta, V., & Krausz, C. (2021). Genetics of azoospermia. International Journal of Molecular Sciences, 22(6), 3264. https ://doi.org/10.3390/ijms22063264
  5. Cocuzza et , 2013.
  6. Cocuzza et , 2013.
  7. Punjani et , 2021.
  8. Cioppi et , 2021.
  9. Cioppi et , 2021.
  10. Patat, O., et al. (2016). Truncating mutations in the adhesion G protein-coupled receptor G2 gene ADGRG2 cause an X-linked congenital bilateral absence of vas American Journal of Human Genetics, 99(2), 437–442. https ://doi.org/10.1016/j.ajhg.2016.06.012
  11. Singh, K., & Kumar, N. (2015). Trends of male factor infertility, an important cause of infertility : A review of literature. Journal of Human Reproductive Sciences, 8(4), 191–196. https ://doi.org/10.4103/0974-1208.170370
  12. Cocuzza et , 2013.
  13. Sermondade, ,  et  al.  (2012).  Obesity  and  increased  risk  for  oligozoo- spermia  and  azoospermia.  Archives  of  Internal  Medicine,  172(5),  440–442. https ://doi.org/10.1001/archinternmed.2011.1382
  14.  
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Contexte statistique

Les données statistiques sur l’azoospermie mettent en lumière son impact :

  • Prévalence mondiale : Environ 1 % des hommes et 10–15 % des hommes infertiles sont azoospermiques 14. L’ANO est plus fréquente (60 %) que l’AO (40 %) 15.
  • Répartition par âge : Le diagnostic est souvent posé entre 20 et 40 ans, coïncidant avec les tentatives de conception 16.
  • Succès des traitements : Environ 50 % des hommes avec ANO obtiennent des spermatozoïdes via une extraction testiculaire (TESE), avec un taux de naissance vivante par ICSI d’environ 25 % 17.
  • Comorbidités : Les hommes azoospermiques présentent un risque accru de cancer (par exemple, cancer des testicules) et une espérance de vie ré- duite 18.

Impact sur la fertilité

L’azoospermie entraîne une infertilité totale en l’absence de traitement, car l’absence de spermatozoïdes dans l’éjaculat empêche la conception naturelle 19. Dans l’azoospermie obstructive, la récupération de spermatozoïdes est souvent possible via des techniques comme l’aspiration de spermatozoïdes épididymaires (MESA) ou l’extraction testiculaire (TESE), avec des taux de succès élevés (jusqu’à 90 % pour la récupération) 20. Cependant, dans l’azoospermie non obstructive, les chances de récupérer des spermatozoïdes sont plus faibles (environ 50 %), en raison de défauts graves de la spermatogenèse 21. Même en cas de récupération, les spermatozoïdes issus de TESE peuvent présenter des anomalies génétiques, augmentant les risques de fausses couches ou de malformations congénitales lors de l’ICSI 22. De plus, les hommes avec des microdélétions du chromosome Y transmettent souvent ces anomalies à leurs fils, perpétuant l’infertilité 23.

Conséquences psychologiques

L’azoospermie a un impact psychologique profond sur les hommes et leurs partenaires. Le diagnostic d’infertilité masculine est souvent perçu comme une atteinte à la masculinité, entraînant honte, culpabilité et stress 24. Environ 40 % des hommes azoospermiques rapportent des symptômes d’anxiété ou de dépres- sion, et 25 % des couples connaissent des tensions conjugales liées au diagnos- tic 25. Les échecs répétés de PMA exacerbent ces effets, avec un risque accru de troubles de l’humeur 26.

Surcoût sur la procréation médicalement assis- tée

L’azoospermie augmente significativement les coûts de la PMA en raison de la complexité des procédures nécessaires. Contrairement à d’autres formes d’in- fertilité masculine (comme l’oligospermie), l’azoospermie requiert souvent une intervention chirurgicale (TESE ou MESA) pour récupérer des spermatozoïdes, ajoutant 2 000 à 5 000 par procédure 27. Chaque cycle d’ICSI coûte entre 4 000 et 8 000 , et les hommes azoospermiques nécessitent en moyenne 1,5 à 2 cycles pour obtenir une grossesse, contre 1 à 1,5 pour d’autres indications 28. Les tests gé- nétiques préalables (karyotype, microdélétions Y, mutations CFTR), obligatoires pour évaluer les risques héréditaires, ajoutent 500 à 1 500 29. En France, la sé- curité sociale rembourse partiellement les cycles d’ICSI (jusqu’à 4 tentatives), mais les coûts annexes (TESE, tests génétiques) restent souvent à la charge des patients, représentant un surcoût de 3 000 à 7 000 par rapport à une PMA stan- dard 30.

Coût

L’azoospermie engendre des coûts significatifs, tant pour les patients que pour les systèmes de santé.

 

Coûts directs

  • Diagnostic : Les analyses de sperme, les tests hormonaux, les échogra- phies scrotales et les tests génétiques (karyotype, microdélétions Y, muta- tions CFTR) coûtent entre 500 et 2 000 par patient 31.
  • Traitements : Une procédure de TESE coûte environ 2 000–5 000 , et un cycle d’ICSI varie entre 4 000 et 8 000 par tentative, souvent non rem- boursé intégralement 32. En moyenne, les couples dépensent 10 000–20 000 pour une prise en charge complète.
  • Complications : Les infections post-TESE ou les consultations pour troubles psychologiques (anxiété, dépression) ajoutent 500–1 000 par an 33.

 

Coûts indirects

  • Perte de productivité : Les consultations répétées et les procédures en- traînent des absences au travail, estimées à 5–10 jours par an, soit un coût de 500–1 500 par patient (basé sur un salaire moyen français).
  • Impact psychologique : Les couples confrontés à l’azoospermie rapportent une baisse de la qualité de vie, avec des coûts indirects liés à la prise en charge psychologique 34.

 

Impact macroéconomique

En France, avec environ 30 millions d’hommes, environ 300 000 pourraient être azoospermiques (1 %). Si 50 % d’entre eux cherchent un traitement, les coûts directs annuels (diagnostics, TESE, ICSI) pourraient atteindre 1,5 à 3 milliards d’euros. Les coûts indirects, incluant la perte de productivité et les soins psy- chologiques, ajouteraient 0,5 à 1 milliard d’euros. À l’échelle mondiale, avec 10 millions d’hommes azoospermiques, l’impact économique pourrait dépasser 50 milliards d’euros par an, particulièrement dans les pays où la PMA est peu sub- ventionnée 35. Cet impact est aggravé par les comorbidités associées, comme le cancer, qui augmentent les dépenses de santé à long terme 36.

 

Perspectives

L’azoospermie reste un défi médical, mais plusieurs perspectives émergent :

  • Diagnostic génétique : Le séquençage de l’exome entier (WES) permet d’identifier de nouveaux gènes impliqués dans l’ANO, améliorant le pro- nostic avant TESE 37.
  • Thérapies émergentes : La recherche sur la transplantation de cellules souches spermatogoniales et la thérapie génique offre des espoirs pour restaurer la fertilité, bien que ces techniques soient encore expérimen- tales 38.
  • Santé globale : Les liens entre azoospermie et maladies systémiques (can- cer, maladies cardiovasculaires) soulignent l’importance d’un suivi médi- cal à long terme 39.
  • Accès aux soins : Réduire les barrières financières à la PMA et amélio- rer le remboursement des tests génétiques pourraient atténuer l’impact économique et social 40.
  • Soutien psychologique : Intégrer un accompagnement psychologique sys- tématique dans la prise en charge pourrait réduire l’impact émotionnel et améliorer l’adhésion aux traitements 41.

Une approche multidisciplinaire, combinant urologues, généticiens, psychologues et spécialistes de la reproduction, est essentielle pour optimiser la prise en charge et minimiser les risques pour les patients et leurs descendants.

Dr. Nguyen Phuong Vinh

Références

  1. Cocuzza et , 2013.
  2. Punjani et , 2021.
  3. Boivin, J., Bunting, L., Collins, J. A., & Nygren, K. G. (2007). International estimates of inferti- lity prevalence and treatment-seeking : Potential need and demand for infertility medical care. Human Reproduction, 22(6), 1506–1512. https ://doi.org/10.1093/humrep/dem046
  4. Esteves et , 2024.
  5. Eisenberg, L., et al. (2013). Increased risk of cancer among azoospermic men. Fertility and Sterility, 100(3), 681–685. https ://doi.org/10.1016/j.fertnstert.2013.05.022
  6. Cocuzza et , 2013.
  7. Punjani et , 2021.
  8. Esteves et , 2024.
  9. Cioppi et , 2021.
  10. Krausz, C., & Riera-Escamilla, A. (2018). Genetics of male infertility. Nature Reviews Urology, 15(6), 369–384. https ://doi.org/10.1038/s41585-018-0003-3
  11. Punjani et , 2021.
  12. Mehta et , 2016.
  13. Punjani et , 2021.
  14. Punjani, N., & Lamb, D. J. (2020). Canary in the coal mine?
  15. Male infertility as a marker of overall health. Annual Review of Genetics, 54, 465–486. https ://doi.org/10.1146/annurev-genet- 022620-081034
  16. Mehta et , 2016.
  17. Eisenberg et , 2013.
  18. Cioppi et , 2021.
  19. Punjani et , 2021.
  20. Punjani & Lamb,
  21. Mehta et , 2016.
  22. Chachamovich et , 2010.
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