questions patients médecin - Dr Nguyen à Paris

Ce que les patients attendent de leur médecin… et vice-versa (VII) : Qu’est-ce que la « compliance » ? L’observance thérapeutique, enjeu essentiel de la relation médecin-patient


Résumé : La relation médecin-patient ne conditionne pas seulement la satisfaction du patient, elle influence la manière dont le processus de soins entamé va être suivi par le patient. Cependant, la grande variabilité de l’observance des prescriptions montre que des facteurs extérieurs à la relation médecin-patient entrent en ligne de compte.

Un patient informé participe plus activement à la prise de décisions[1] et se montre mieux capable de gérer sa santé. Or, le médecin étant la source d’informations privilégiée du patient[2], il importe que la communication entre le médecin et son patient soit fluide et favorise ainsi l’autogestion du patient. L’expérience montre que le suivi d’un traitement (médicaments, régime, hygiène de vie…) est largement conditionné par la relation médecin-patient.


Les conséquences de la relation médecin-patient sur la « compliance »


On appelle « compliance » (de l’anglais « to comply », « se conformer à, respecter ») la bonne observance des prescriptions médicales, la « non-compliance » étant par opposition le non-respect des prescriptions. Or, le modèle traditionnel s’effrite où le patient, peu informé, n’avait guère d’autre choix que de se fier à la parole et aux décisions du médecin. Aujourd’hui, certes la relation médecin-patient influence le respect de la prescription[3], mais le patient construit dès avant la consultation des représentations précises de ce qu’il attend en termes de prescription et de soins. Ces représentations, liées à la masse d’informations disponibles sur internet et aux expériences antérieures du patient, vont influencer la compliance[4]

Par conséquent, « il devient essentiel que le médecin s’intéresse aux représentations des patients[5] », car « La non-compliance peut aussi être envisagée comme le produit d’une mauvaise communication entre patient et thérapeute débouchant sur un échec à impliquer le patient dans le processus de décision à propos de la prise en charge[6] ».

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L’observance thérapeutique ou « compliance » varie selon les pathologies

Étant donné les enjeux, pour la santé des patients, du degré d’observance thérapeutique, de nombreuses études se sont appliquées à analyser les raisons pour lesquelles un patient observe ou non le traitement prescrit. Ces études rappellent d’abord l’importance du taux de non-compliance ou de non-observance, qui tourne autour de 50% au niveau mondial, la France se situant dans la moyenne ou un peu au-dessus à 60%[7]. Une thèse de pharmacie pondère ce chiffre en précisant que les taux d’observance thérapeutique sont à considérer relativement aux pathologies, un taux de 60% pouvant être acceptable pour un traitement préventif, tandis qu’un taux de 80% est très insuffisant pour une pathologie cancéreuse[8]. Or, l’observance varie énormément selon les pathologies, comme l’illustre le tableau récapitulatif proposé par le Pr. Sylvie Legrain[9] :

 

La très grande variabilité de l’observance thérapeutique suggère que beaucoup de facteurs la conditionnent, au-delà de la qualité des informations fournies par le médecin. Ces informations vont en effet rencontrer les représentations antérieures du patient, ainsi que s’agréger à des circonstances environnementales très diverses, sur lesquelles le patient, voire le médecin, n’ont qu’une prise limitée. Une bonne connaissance de tous ces éléments est cependant utile, au médecin comme au patient, pour améliorer l’observance lorsque l’un ou l’autre des paramètres en jeu s’avèrent influençable.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] O’Connor AM, Rostom A, Fiset V, Tetroe J, Entwistle V, Llewellyn-Thomas H, et al., « Decision aids for patients facing health treatment or screening decisions: systematic review. », BMJ, 1999, 319 (7212), p. 731–734.

[2] « La relation soignant-soigné, une relation bien particulière ? Comment se caractérise-t-elle ? », 20 décembre 2016, Centre d’Éducation du Patient, https://www.educationdupatient.be/index.php/education-du-patient/les-attentes-du-patient

[3] A.F. Allaz, « Observance thérapeutique et relation médecin-malade. L’exemple des traitements antibiotiques. », Med Hyg, 1994 ; 52, p. 2157-61.

[4] J. P. Assal, « Bridges, why and from where to where? », Patient Educ Couns, 1995, n°26, p. 11-15.

[5] V. Piguet, C. Cedraschi, J. Desmeules, A. F. Allaz, M. Kondo-Oestreicher et P. Dayer, « Prescription médicamenteuse : les attentes des patients », Rev Med Suisse, 2000, volume 4, 20497.

[6] DiMatteo MR, Reiter RC, Gambone JC., « Enhancing medication adherence through communication and informed collaborative choice», Health Communication, 1994, 6, p. 253-65.

[7] Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Adherence to long-term therapies. Evidence for action. », 2003, https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/42682/9241545992.pdf ; Denis Delaval et Vincent Bildstein (dir), « Améliorer l’observance. Traiter mieux et moins cher. », IMS-CRIP, 12 novembre 2014, https://lecrip.org/wp-content/uploads/2014/11/BrochureObservance-imprim1.pdf

[8] Aniss Louchez, L’observance thérapeutique – Présentation du concept, moyens de promotions et évaluation d’inégalités d’accès à l’ETP, Thèse de Pharmacie, Université de Lille, 2017, p.17-25.

[9] Pr. Sylvie Legrain, « Consommation médicamenteuse chez le Sujet Âgé. Consommation, Prescription, Iatrogénie et Observance. » HAS, 2005, http://has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/pmsa_synth_biblio_2006_08_28__16_44_51_580.pdf

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