Cycle menstruel et acupuncture - Dr Nguyen à Paris

Le cycle menstruel : de la vision de la médecine conventionnelle à la vision de la médecine traditionnelle chinoise (VI)

Définition de l’aménorrhée

On estime que 2 à 5% des femmes seraient concernées par l’aménorrhée secondaire[1] et 3 à 4% par l’aménorrhée primaire[2], c’est-à-dire par l’absence de menstruation (du grec a [sans] – mên [mois] – rhein [couler]). Comme l’aménorrhée est un simple symptôme, il importe d’en explorer la cause.

On parle d’aménorrhée primaire lorsque les premières règles (ménarche) ne sont pas encore survenues et tardent (après 16 ans), ceci que les caractères sexuels secondaires (seins, poils pubiens et axillaires, réserve adipeuse du bas du corps) soient présents ou non.

On parle d’aménorrhée secondaire lorsqu’une femme menstruée cesse d’avoir ses règles durant plus de trois mois[3] ou plus de 6 mois (en cas d’aménorrhée post-pilule ou stérilet hormonal ou de cycles très irréguliers) ou plus de 12 mois (post-contraception par injection de Dépo-Provera). 

Tous les troubles provoquant une aménorrhée secondaire peuvent provoquer une aménorrhée primaire[4] ; les étiologies se recouvrent, mais les aménorrhées primaires relèvent plus souvent de causes chromosomiques et génétiques.

Diagnostic de l’aménorrhée[5]

  • Interrogatoire de la patiente :
    • âge,
    • antécédents médicaux (maladies endocriniennes, tuberculose, chimio- ou radiothérapie) ou chirurgicaux (petit bassin),
    • antécédents familiaux (âge de la ménarche chez la mère et les sœurs, autres pathologies),
    • prise médicamenteuse et type de contraception le cas échéant,
    • recherche de signes fonctionnels (céphalées, troubles visuels, galactorrhée, bouffées de chaleur, douleurs cycliques, anosmie),
    • contexte nutritionnel (anorexie) et psychologique (stress familial, professionnel ou sentimental),
    • activité physique de type sportif (pratique à un niveau [semi-]professionnel) ;
  • Examen physique de la patiente (IMC, présence de glandes mammaires, d’organes génitaux externes, d’un vagin, d’un utérus, d’une pilosité normale, d’un éventuel écoulement mammaire, acné, séborrhée, état des glaires utérines) ;
  • Palpation de la patiente (recherche d’une masse aux ovaires ou trompes, d’un gros utérus ou d’un goitre thyroïdien) ;
  • Un test de grossesse est requis dès lors que les règles tardent depuis de plus de 8 jours chez les femmes qui ne prennent pas de contraception hormonale ;
  • Un dosage hormonal (FSH, LH, prolactine, testostérone, thyréostimuline, œstradiol – selon le contexte –, progestérone – selon le contexte) et éventuellement examen moléculaire des chromosomes sexuels ;
  • Une courbe de température, pour renseigner sur le fonctionnement ovarien ;
  • Une échographie pour vérifier la présence et la conformation de l’utérus et pour rechercher la présence éventuelle d’un SOPK (syndrome des ovaires polykystiques) ;
  • Une hystérographie (exploration de l’utérus) pour vérifier qu’il n’y a pas co-adhérence de deux surfaces cicatricielles (synéchie).

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Causes possibles de l’aménorrhée[6]

A partir des indications fournies par ces paramètres, on peut éliminer ou conforter les grandes causes possibles de l’aménorrhée :

  • Grossesse (HcG), allaitement, approche de la ménopause, retard pubertaire,
  • anovulation hypothalamique fonctionnelle :
    • stress,
    • anorexie,
    • sport intensif, chez presque la moitié des athlètes de haut niveau[7] (le déficit en œstrogènes lié à l’aménorrhée entraîne alors une densité osseuse plus faible et une sensibilité aux fractures),
  • contraception hormonale et régulation du cycle après l’arrêt du contraceptif,
  • prise de médicaments (corticoïdes oraux, antidépresseurs, antipsychotiques, chimiothérapie) ou toxicomanie,
  • traitement médicaux (ablation de l’utérus ou des ovaires, radiothérapie des cancers),
  • Cicatrices utérines (après traitement d’un fibrome utérin, résection de l’endomètre, césarienne, IVG…),
  • Anomalie du développement des organes sexuels (syndrome d’insensibilité aux androgènes, syndrome de Turner, syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser) ou anomalie anatomique (hymen non perforé [entraînant l’hématocolpos, accumulation de sang dans la cavité vaginale, avec une prévalence estimée entre 0,05% à 6,7%[8]], aplasie vaginale),
  • Maladies chroniques (entraînant une perte de poids) ou endocriniennes (SOPK [provoque un excès d’androgènes[9]], tumeur de l’ovaire, adénome hypophysaire, hyper-/hypothyroïdie, corticosurrénalome, déficit gonadotrope[10]),
  • Insuffisance ovarienne prématurée[11], qui touche 1 % des femmes de moins de 40 ans (la cause étant inconnue dans 80% des cas[12]).

 

Traitement de l’aménorrhée

  • Dans la plupart des cas, seule une approche non médicamenteuse et non médicale est requise :
    • s’alimenter sainement ;
    • maintenir ou atteindre le poids bon pour la santé (psychothérapie en cas d’anorexie) ;
    • apprendre à gérer son stress (psychothérapie en cas de traumatisme psychologique) ;
    • modérer sa pratique d’exercices physiques.
  • Un traitement hormonal n’est généralement efficace :
    • qu’en cas de dysfonctionnement des ovaires et pour que survienne le développement des caractères sexuels et la fertilité
    • ou pour prévenir l’ostéoporose chez les femmes ayant subi avant la ménopause une ablation chirurgicale de l’utérus et des ovaires, hors cancers hormonodépendants (ovaires, utérus, thyroïde et les 2/3 des cancers du sein).
  • Le traitement médicamenteux non hormonal concerne seulement les cas de tumeurs bénignes de l’hypophyse, qui entraînent une sécrétion de prolactine élevée, traitable par la prise de bromocriptine.
  • Le traitement chirurgical concerne les malformations de l’appareil reproducteur et essentiellement l’imperforation de l’hymen.

En tous les cas, il importe de ne prescrire aucun traitement hormonal avant d’avoir identifié la cause de l’aménorrhée[13].

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), « Item 296 : Aménorrhée : Aménorrhée secondaire », Université Médicale Virtuelle Francophone, 2010-2011.

[2] E. Tryoen et C. Pienkowski, « Prise en charge de l’aménorrhée primaire », Génécologie et obstétrique, 13 décembre 2015, https://www.gynecologie-pratique.com/journal/article/0013330-prise-en-charge-de-lamenorrhee-primaire#:~:text=L’am%C3%A9norrh%C3%A9e%20primaire%20est%20d%C3%A9%EF%AC%81nie,la%20population%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20d’adolescentes

[3] William Berrebi (dir.), Diagnostic et thérapeutique de poche : Guide pratique du symptôme à la prescription, Rome/Paris, Armando Editore/Estem, 2009, p. 519.

[4] JoAnn V. Pinkerton (University of Virginia), “Aménorrhée”, Manuel MSD, juillet 2019, https://www.msdmanuals.com/fr/professional/gyn%C3%A9cologie-et-obst%C3%A9trique/troubles-menstruels/am%C3%A9norrh%C3%A9e

[5] Robert Rebar, “Evaluation of amenorrhea, anovulation, and abnormal bleeding”, Endotext, édité par KR Feingold, B Anawalt, A Boyce, et al., South Dartmouth (MA), MDText.com Inc, 2000, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279144/

[6] J. Young, “Aménorrhée”, CNGOF, extrait des Mises à jour en Gynécologie Médicale, vol. 2003, 27 novembre 2003, http://www.cngof.asso.fr/d_livres/2003_gm_129_young.pdf

[7] Cathy Speed, « Exercise and menstrual function », BMJ, 2007, 334, p. 164-165.

[8] A. Gyimadu, B. Sayal, S. Guven, and G. S. Gunalp, “Hematocolpos causing severe urinary retention in an adolescent girl with imperforate hymen: an uncommon presentation”, Arch Gynecol Obstet, 280 (2009), p. 461-463 ; D. J. Hall, “An unusual case of urinary retention due to imperforate hymen”, J Accid Emerg Med, 16 (1999), p. 232-233.

[9] E2 comme dans un début de phase folliculaire, LH normale ou augmentée, FSH un peu basse ou normale, testostérone totale normale ou un peu augmentée.

[10] E2 bas, concentrations de LH et de FSH non élevées.

[11] E2 bas, concentrations élevées de LH et surtout de FSH.

[12] CB. Coulam, SC. Adamson, J.F. Annegers, “Incidence of premature ovarian failure”, Obstet Gynecol, 1986, 67, p. 604-6.

[13] Collège des Enseignants d’Endocrinologie, Diabète et Maladies Métaboliques (CEEDMM), « Item 296 : Aménorrhée », cours 2010-2011, http://campus.cerimes.fr/endocrinologie/enseignement/amenorrhee/site/html/cours.pdf

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