Désir d'enfants volet 1 - Dr Nguyen à Paris

Le désir d’enfant (I) : « Un enfant si je veux, quand je veux »

 

Résumé : on parle aujourd’hui de désir d’enfant pour désigner l’intention qu’un couple ou un individu a de concevoir un enfant, mais l’expression a l’inconvénient de suggérer que la conception de l’enfant surviendra en lien avec ce désir ; en outre, elle tend à simplifier un besoin à la fois commun et complexe.

 

Natalité et enfant désiré

Quoique restant le pays le plus fécond de l’Union Européenne en termes de natalité, la France a néanmoins vu la courbe de son indice conjoncturel de fécondité baisser continument depuis la seconde guerre mondiale, passant de 2,9 enfants par femme en 1950 à 1,84 en 2020[1] (cela signifie que 740 000 enfants ont vu le jour en 2020).

Or, sur l’ensemble des naissances ayant lieu chaque année en France, on estime que la part d’enfants non désirés est assez faible (autour de 2,5%)[2]. Parallèlement, on observe, selon une étude publiée par l’Ined en 2014, que 6,3 % des hommes et 4,3 % des femmes ne veulent pas du tout d’enfant[3].

Nous sommes donc dans une société où l’on enfante toujours moins, mais où de moins en moins de couples enfantent sans l’avoir désiré.

Cela invite à se poser la question de ce qu’est le désir d’enfant : s’il y a quantitativement moins de désirs d’enfant, est-ce que ce désir n’est pas devenu qualitativement plus fort ?

 

La maîtrise du désir d’enfant

On dit souvent que les moyens actuels de maîtriser sa fécondité ont clarifié le désir d’enfant, qui serait presque libéré des imprévus ou des accidents et donc réduit à sa pure authenticité.

Cette appréhension de l’enfantement se développe, bien sûr, à partir de la loi Neuwirth autorisant la pilule ; le remboursement de la pilule en 1974-75 accélère ce processus. A partir de la fin des années 1970, désirer un enfant, c’est simplement arrêter la pilule : une vaste enquête menée en 1978, montre en effet qu’environ les deux tiers des couples mariés (80% des femmes de 20-44 ans étant mariées) utilisent une contraception[4].

La majorité des parents feraient donc des enfants parce qu’ils le désirent et au moment où ils le désirent. Les enfants se « programment » : s’ils se font plus tard et moins nombreux, les enfants doivent à la fois arriver au bon moment et être parfaitement réussis.

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Les motivations conscientes du désir d’enfant

Cependant, force est de constater que la réalité est plus complexe que cette espèce d’épuration du désir d’enfant grâce aux techniques de contraception.

D’une part parce que les raisons de désirer un enfant sont multiples et variables, d’autre part parce que ce désir peut rencontrer des obstacles. Ces obstacles peuvent être liés au parcours de vie du couple, sentimental ou matériel. Il y a quelques années, une enquête réalisée en Alsace sur les motivations du désir d’enfant et sur les freins à ce désir montrait que les critères motivants les plus importants étaient la solidité du couple, l’adéquation du logement et la stabilité du travail.

Au-delà de ces critères de raison et relatifs aux circonstances, l’objectif évoqué et conscient du projet d’enfant est essentiellement (à plus de 80%) de fonder une famille dans une relation de transmission d’amour.

Or, derrière les obstacles perçus et cet objectif affiché, on verra qu’il y a encore des séries de motivations profondes plus ou moins inconscientes, enracinées dans l’histoire individuelle et familiale[5]. De nombreux médecins, psychiatres et psychanalystes se sont penchés sur le désir d’enfant et ses composantes, cherchant notamment à expliquer par là ce qui se passe lorsque ce désir est frustré, comme en cas d’impossibilité de concevoir.


Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] Sylvain Papon et Catherine Beaumel, « Bilan démographique 2020 », Insee Première, n°1834, 19 janvier 2021, https://www.insee.fr/fr/statistiques/5012724 ; voir également « Natalité – Fécondité », dans Tableaux de l’économie française, 27 février 2020, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277635?sommaire=4318291#:~:text=En%202019%2C%20l’%20indicateur%20conjoncturel,apr%C3%A8s%201%2C88%20en%202018.&text=La%20baisse%20du%20taux%20de,%C3%A0%2012%2C7%20en%202019.

[2] Arnaud Régnier-Loilier, « Evolution des naissances et des grossesses non désirées en France. Réflexions méthodologiques et éléments d’interprétation », dans XXVe CONGRES INTERNATIONAL DE LA POPULATION, 20 juillet 2005, http://www.demoscope.ru/weekly/knigi/tours_2005/papers/iussp2005s51748.pdf

[3] Charlotte Debest, Magali Mazuy et al., « Rester sans enfant : un choix de vie à contre-courant », Population et sociétés, n°508, février 2014, https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/18704/population_societes_2014_508_choix_sans_enfant.fr.pdf

[4] Henri Leridon, Paul Sardon, Philippe Collomb et Yves Charbit, « La contraception en France en 1978. Une enquête INED-INSEE », Population, 34-1, 1979, p. 1349-1390.

[5] Karime Boudaoud, Mardhia Kadri et Guy Didier (dir.) « Désir d’enfants – peut-on avoir le nombre d’enfants que l’on veut, quand on veut ? », mars 2013, https://udaf68.fr/sites/udaf68.fr/files/documents/resultenq13_desirdenfant_4_pages.pdf

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