L’infertilité (III) : les troubles de la fertilité communs aux femmes et aux hommes

L’infertilité (III) : les troubles de la fertilité communs aux femmes et aux hommes

 

Résumé : L’infertilité n’a pas forcément une cause féminine ou masculine, mais peut être liée aux deux partenaires, certains troubles étant communs aux deux sexes, ainsi les troubles d’origine hypothalamo-hypophysaire, environnementale ou psychique.

 

 

Dans plus de 30% des cas d’infertilité, des causes mixtes sont impliquées[1], qui peuvent concerner indifféremment l’homme et la femme[2]. On recense cinq grandes catégories :

Pathologies hypothalamo-hypophysaires

L’hypophyse est une petite glande située sous le cerveau et reliée à l’hypothalamus. Les pathologies hypothalamo-hypophysaires peuvent être responsables d’une altération de la production d’hormones, en cause dans l’infertilité.

La principale pathologie hypophysaire est l’adénome (tumeur bénigne) ; l’adénome à prolactine (prolactinome) est la tumeur hypophysaire la plus fréquente (environ 40% des adénomes hypophysaires[3]) et se caractérise par une hyperprolactinémie (multiplication des cellules sécrétant la prolactine) et, chez les femmes, un écoulement de lait (galactorrhée), ainsi que par les autres symptômes communs aux adénomes hypophysaires :

  • des troubles sexuels (notamment troubles érectiles),
  • des maux de tête, de la fatigue, des nausées,
  • une absence d’ovulation et un déficit de production des spermatozoïdes[4].

Effets secondaires de traitements

De nombreux traitements peuvent avoir des conséquences sur la fertilité masculine ou féminine : il s’agit, en particulier, des radiothérapies (irradiation dans la zone des organes génitaux) et des chimiothérapies, qui peuvent faire diminuer la concentration de spermatozoïdes ou provoquer une insuffisance ovarienne précoce ; mais pour les traitements à bas et moyen risques gonadotoxiques, une reprise de la fonction gonadique survient généralement dans les 6 à 12 mois suivant la fin du traitement[5]. Certains médicaments peuvent éventuellement avoir un effet sur la fertilité : quelques antalgiques, antihistaminiques ou médicaments antireflux.

  • Contactez-nous au 01 45 25 35 14
  • Écrivez-nous
  • 224 Avenue du Maine Paris, 14ème

Facteurs environnementaux

Les facteurs environnementaux jouent probablement un rôle dans l’infertilité de l’homme et de la femme, mais la recherche peine encore à le définir. Il y a[6] :

  • des facteurs liés au comportement (tabac, cannabis, alcool) ;
  • des perturbateurs endocriniens liés à l’usage de cosmétiques (phtalates, bisphénol A) ;
  • des facteurs particulièrement représentés dans le milieu professionnel, comme l’exposition à certains pesticides (dibromochloropropane, pesticides organochlorés), à certains solvants (éthers de glycol) ou à des métaux lourds (plomb) ou, pour les hommes, l’exposition à des sources de forte chaleur (poste de soudure ou encore ordinateur portable posé sur les genoux, les spermatozoïdes ayant besoin d’une température de 32-35°).

En moyenne, la production spermatique a diminué en métropole de 1,9 % par an entre 1989 et 2005 (à 49,6 millions de spermatozoïdes par millilitre en 2005, contre 113 millions en 1940 et 66 millions en 1990[7]). L’impact des facteurs environnementaux est important durant la période fœtale[8], mais beaucoup d’observations nécessitent encore d’être expliquées scientifiquement.

Facteurs psychiques

Les échecs répétés de PMA conduisent à s’intéresser aux aspects psychologiques de l’infertilité, lorsque les examens médicaux sont normaux et la sexualité régulière. Chez les femmes, Bydlowski distingue trois types de facteurs psychologiques : perte antérieure d’un enfant ou d’une grossesse ; fixation névrotique sur le père ou la mère ; perturbation de l’image de son corps[9]. Les infertilités psychogènes masculines sont moins étudiées, mais montrent qu’un passé familial douloureux, la crainte de transmettre une tare héréditaire ou la difficulté à passer du couple conjugal au couple parental peuvent rendre la conception trop anxiogène[10].

Poids

L’anorexie peut provoquer une anovulation, mais l’obésité aussi a un impact considérable sur la fécondité : « on note une altération des spermogrammes, une diminution de la fréquence des ovulations et des conceptions, une augmentation des dysfonctions érectiles, des avortements spontanés, (…) ainsi qu’une diminution de la réponse aux traitements de fertilité[11] ». Chez la femme, le risque d’infertilité après un an de tentative de concevoir est augmenté de 27% en cas de surpoids et de 78% en cas d’obésité[12].

 

L’infertilité, avec 15-20% de causes inexpliquées et des possibilités de traitement parfois limitées selon les cas, reste donc un défi pour le couple en désir d’enfant.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] Philippe Granet, « Aspects psychologiques de l’infertilité conjugale et de sa prise en charge dans le cadre des procréations médicalement assistées », Devenir, Vol. 7, n° 2, 1995, p. 9 ; voir aussi https://ivi-fertilite.fr/questions-les-plus-frequentes/causes-infertilite/

[2] Daniel Vaiman, Luc Multigner et Nadine Binart, « Infertilité – Des difficultés à concevoir d’origines multiples », INSERM, 19 septembre 2019, https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/infertilite

[3] Professeur Bernard Goichot, « Pathologie hypophysaire en médecine générale », Faculté de médecine de Strasbourg,  http://udsmed.u-strasbg.fr/dumg/IMG/pdf/2015_GOICHOT_PATHOLOGIE_HYPOPHYSAIRE_cours_a_imprimer_pdf.pdf

[4] Brigitte Delemer, « Adénomes à prolactine : diagnostic et prise en charge », La Presse médicale, vol 38, n° 1, p. 117-124, janvier 2009.

[5] Marie-Estelle Gaignard, Julie Benard et Noémie Lang, « Fertilité et cancer chez les jeunes adultes : guéri, mais pourrais-je avoir des enfants ? », Revue médicale suisse, n°598, 2018.

[6] Jeanne Perrin, Claire Sunyach, Florence Bretelle, Blandine Courbière et Irène Saei-Minodier, « Fertilité : quels risques en lien avec l’environnement professionnel et extra-professionnel ? », Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, vol. 79, Issue 3, mai 2018, p. 298.

[7] Voir Rolland M, Le Moal J, Wagner V, Royère D, De Mouzon J., « Decline in semen concentration and morphology in a sample of 26,609 men close to general population between 1989 and 2005 in France”, Human Reprod, 2012;28(2), p. 462-70 ; voir également Carlsen E, Giwercman A, Keiding N, Skakkebaek NE, “Evidence for decreasing quality of semen during past 50 years”, BMJ, 1992, 305(5864), p. 609-13.

[8] R. Habert, « Impact des facteurs environnementaux sur la reproduction masculine », La Lettre du Gynécologue, n° 390, mai-juin 2014.

[9] Monique Bydlowski, « Facteurs psychologiques dans l’infertilité féminine », Gynécologie obstétrique et fertilité, vol. 31, Issue 3, mars 2003, p. 246-251.

[10] Marianne Dollander, « Que sait-on de l’infertilité psychogène masculine ? », Bulletin de psychologie, 2009/5, n° 503, p. 467-477.

[11] Marie-Hélène Pesant, Dorothea Wunder, François Pralong et Vittorio Giusti, « Obésité et fertilité ne font pas bon ménage », Revue médicale suisse, n°42, mars 2020.

[12] Daniel Vaiman, Luc Multigner et Nadine Binart, « Infertilité – Des difficultés à concevoir d’origines multiples », INSERM, 19 septembre 2019, https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/infertilite

Open chat
Bonjour,
Pouvons nous vous aider ?