Longévité : Vieillissement de l’organisme et vieillissement cellulaire

UN MEDECIN PARTAGE SES REFLEXIONS

Longévité : Vieillissement de l’organisme et vieillissement cellulaire (1)

Vieillissement de la population

Le vieillissement de la population mondiale est devenu aujourd’hui un sujet de préoccupation pour tous les États du monde. En pratique, l’âge de la vieillesse est fixé à 65 ans et plus par l’OMS et on estime qu’entre 2015 et 2050, la proportion des 60 ans et plus dans la population mondiale va augmenter de 34 %, si bien qu’en 2050 les personnes âgées de 60 ans ou plus seront plus nombreuses que les adolescents et les jeunes âgés de 15 à 24 ans[1]. La population française présente une répartition encore accentuée en ce sens, puisqu’au 1er janvier 2020, les personnes âgées d’au moins 65 ans représentent 20,5 % de la population, et que leur part a progressé de 4,7 points en vingt ans[2].

 

Maux associés à la vieillesse

Or, « Le vieillissement est une perte progressive et inéluctable des capacités fonctionnelles de l’organisme[3] » : psychomotrices, immunitaires ou reproductives. Cela suppose la multiplication des maux qui vont fréquemment avec la vieillesse : dépigmentation des cheveux, alopécie, flétrissement de la peau (rides), fonte musculaire (amyotrophie), déficit auditif, presbytie, cataracte, lombalgies et cervicalgies, arthrose, ostéoporose, bronchopneumopathie chronique obstructive, diabète, perte de mémoire… Or, l’OMS rappelle aussi que les maux du vieillissement ne sont pas une fatalité et que puisque leur survenue et leur gravité dépendent de multiples facteurs (conditions de vie, alimentation, pratique ou non d’exercice physique, niveau d’éducation, accès aux soins, stress et traumatisme), ils peuvent être largement atténués par une action sur l’environnement physique et social ; dans cette perspective, l’OMS a été chargée de la mise en œuvre d’une « Décennie du vieillissement en bonne santé » (2021-2030).

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Le cycle cellulaire[4]

Œuvrer pour un vieillissement en bonne santé, c’est notamment comprendre comment fonctionne le vieillissement. Cependant, le vieillissement des organismes vivants est un processus mystérieux, au sens où l’on identifie encore mal les raisons pour lesquelles, à un moment donné, un organisme entamerait un processus de dégradation[5]. Il existe cependant des explications au niveau cellulaire ; or, « Les mécanismes moléculaires et cellulaires, qui fondent la physiologie du vieillissement et de la longévité, commencent à être mieux élucidés. Souvent ambivalents, ils sont aussi impliqués dans la survenue de nombreuses pathologies liées à l’âge[6]. » C’est-à-dire que l’on connaît de mieux en mieux le phénomène de lente dégradation des fonctions, notamment reproductives, de la cellule. On sait que le cycle cellulaire est composé de plusieurs phases, au cours desquelles la cellule grossit et duplique son matériel génétique, l’ADN (interphase : phases G1, S et G2), puis se divise (mitose : phase M) pour donner naissance à deux cellules filles identiques.

La sénescence cellulaire

En 1962, le biologiste américain Leonard Hayflick constate qu’au bout de 50 à 70 générations, les cellules cessent de se diviser, donc de proliférer[7] : elles entrent dans un état de sénescence ou de quiescence (et passent alors de la phase G1 à une phase G0). Si les cellules sénescentes ne se divisent plus, c’est dans le but de protéger les tissus adjacents contre les erreurs de réplication de l’ADN et contre le risque cancéreux (prolifération excessive des cellules) et ainsi maintenir les organes sains et fonctionnels. Cependant, la sénescence peut menacer l’homéostasie (l’équilibre) tissulaire en entraînant une accumulation des cellules sénescentes. Il peut certes se produire une apoptose, c’est-à-dire l’autodestruction des cellules endommagées, en particulier des cellules sénescentes, mais ce processus peut lui-même être affecté et, en outre, les cellules sénescentes ne s’autodétruisent pas toutes immédiatement.

Le processus de la sénescence est ambivalent, car d’un côté il est supposé protéger le corps d’anomalies (notamment du cancer), de l’autre, il entraîne d’importants changements dans l’organisme, favorisant notamment l’inflammation[8]. La recherche biologique s’applique à identifier des moyens de ralentir ou bien utiliser les mécanismes de la sénescence, mais elle a pour l’instant essentiellement mis à jour des leviers d’action ambivalents, c’est-à-dire favorable sous un certain aspect, mais délétères sous un autre[9].

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

[1] OMS, « Vieillissement et santé », https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/ageing-and-health

[2] « Tableaux de l’économie française – Edition 2020 », INSEE, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277619?sommaire=4318291

[3] A. Ly, A. Shevelev, C. Andres, X.Y. Pan, J. Trojan, « Mécanismes et pathologies du vieillissement », J. Afr. Cancer, 2013, no 5, p. 103-113.

[4] Gerald Karp, Biologie cellulaire et moléculaire, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2010 ; Jacques Epelbaum, Le vieillissement : rythmes biologiques et hormonaux, Cachan, Lavoisier, 2009.

[5] Delphine Vendryes, « Les causes biologiques du vieillissement et de la limitation de la durée de vie », Longlonglife,‎ 20 décembre 2016, http://www.longlonglife.org/fr/transhumanisme-longevite/vieillissement/les-causes-biologiques-du-vieillissement-et-de-la-limitation-de-la-duree-de-vie/

[6] A. Ly, A. Shevelev, C. Andres, X.Y. Pan, J. Trojan, « Mécanismes et pathologies du vieillissement », J. Afr. Cancer, 2013, no 5, p. 103-113.

[7] L. Hayflick et P.S. Moorhead, « The serial cultivation of human diploid cell strains », Exp Cell Res, no 25,‎ 1961, p. 585-621.

[8] Jean-Marc Brondello, Alexandre Prieur, Didier Philipot et al., « La sénescence cellulaire – Un nouveau mythe de Janus ? », Med Sci (Paris), 2012, no 28, vol. 3, p. 288-296.

[9] A. Ly, A. Shevelev, C. Andres, X.Y. Pan, J. Trojan, « Mécanismes et pathologies du vieillissement », J. Afr. Cancer, 2013, no 5, p. 103-113.

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