Lutter contre l'obsésité avec l'acupuncture à Paris - Dr Nguyen

QUE PEUT L’ACUPUNCTURE DANS L’OBÉSITÉ ?

 

Prévalence et risques

 

Aux Etat-Unis, la prévalence de l’obésité des adultes était de 39,6%[1] en 2016 ; en France, la prévalence de l’obésité est de 17%[2]. Le nombre de cas d’obésité dans le monde a presque triplé depuis 1975.

Bien entendu, le coût économique des traitements pour lutter contre l’obésité et contre ses comorbidités est considérable ; un rapport publié par l’OCDE en octobre 2019 signale que 70% de tous les coûts de traitement du diabète sont imputables au surpoids et que ce dernier est responsable de 23% des coûts des maladies cardiovasculaires et de 9% de ceux des cancers dans les 36 pays appartement à l’OCDE[3].

L’Inserm rappelle les complications associées à l’obésité, attestées par de très nombreuses études[4] :

  • les maladies cardiaques (23% des cas imputables), avec risque d’hypertension artérielle, d’athérosclérose (et de maladies du foie ou de maladies rénales) ;
  • le diabète de type 2 (44% des cas imputables au surpoids/obésité), avec insulino-résistance et hyperglycémie ;
  • les cancers (entre 7% et 41% des cas imputables au surpoids/obésité selon les localisations), notamment du sein, de l’utérus, du foie ;
  • à quoi peuvent s’ajouter des maladies respiratoires (syndrome d’apnée du sommeil), des troubles hormonaux (cycles menstruels perturbés), des maladies articulaires (arthrose), des troubles dermatologiques (mycoses, psoriasis).

Ces complications entraînent le décès d’au moins 2,8 millions personnes chaque année dans le monde, si bien que le surpoids et l’obésité sont reconnus comme la cinquième cause de mortalité par l’OMS. L’obésité serait même devenue la première cause de mortalité aux Etats-Unis.

Les causes de l’obésité sont mêlées (alimentaires, génétiques, environnementales), mais, mécaniquement, l’obésité vient d’un déséquilibre entre les apports énergétiques et les dépenses énergétiques. Ce déséquilibre conduit les réserves stockées dans le tissu graisseux à s’accumuler en excès.

Or, tous les chercheurs s’accordent pour estimer qu’une diminution du poids, même faible, est bénéfique, aussi bien sur les plans métabolique et cardiovasculaire que respiratoire ou musculo-squelettique.

Soulager l’obésité

Pour lutter contre l’obésité, le ministère de la Santé a lancé en 2018 un Plan priorité prévention, qui vise à faire baisser de 15% l’obésité (IMC>30) chez les Français adultes et à stabiliser le surpoids (IMC entre 25 et 30) d’ici 2023. 

Différentes pistes sont envisagées pour permettre cette baisse de l’obésité, au total sept mesures principales :

  1. Détecter dès le plus jeune âge ;
  2. Orienter vers des parcours personnalisés avec des équipes adaptées ;
  3. Améliorer la lisibilité de l’offre de prise en charge et l’information ;
  4. Renforcer les Centres Spécialisés de l’Obésité (CSO) ;
  5. Soutenir la filière obésité Outre-mer (territoires plus touchés) ;
  6. Déployer des expérimentations innovantes (notamment auprès des enfants).

Cependant, ces mesures ne peuvent être efficaces que si elles s’accompagnent d’une prise en charge individuelle précise, à long terme, par un médecin et recouvrant plusieurs dimensions[5] :

  • Atteindre l’objectif d’un minimum de 150 mn d’activité physique modérée par semaine (ou 75 mn d’activité intense ; les personnes à condition particulière, comme les femmes enceintes, pouvent aussi fractionner ce temps en plusieurs séances/jour)[6]; la reprise d’activité physique nécessite une évaluation des risques cardio-vasculaires, éventuellement avec avis d’un cardiologue ;
  • Viser une perte de poids annuelle de 5% du poids de départ ; une diminution totale de 10% du poids de départ est souhaitable ;
  • Suivre éventuellement une thérapie comportementale pour améliorer les troubles du comportement alimentaire ;
  • Dormir en quantité suffisante (entre 7 et 9h/nuit), à heures fixes et régulières, la nuit ;
  • Limiter les sources de stress (suivre une psychothérapie en cas de troubles anxio-dépressifs sévères) ;
  • Sur le plan médicamenteux : en France, les agonistes du récepteur du GLP-1 ne sont autorisés que pour soigner le diabète de type 2 ; en revanche, le setmélanotide, un agoniste des récepteurs des mélanocortines de type 4, est en cours de développement et pourrait constituer une aide intéressante ;
  • Les chirurgies de l’obésité (anneau gastrique, court-circuit gastrique, gastrectomie longitudinale) ne sont réservées qu’aux formes les plus sévères, avec complications ; l’Inserm rappelle que la chirurgie plastique peut être utile pour ôter des amas graisseux (par liposuccion ou lipectomie), mais uniquement afin d’améliorer la mobilité, sans effet sur le métabolisme ;
  • Réformer son alimentation : 
  • Apprendre à évaluer sa faim ;
  • Manger à heures fixes et régulières ; ne pas sauter de repas ;
  • Manger lentement (minimum 20 mn/repas) ;
  • Ne pas grignoter entre les repas ;
  • Supprimer ou limiter au maximum les plats industriels ;
  • Manger des fruits et des légumes à tous les repas ;
  • Privilégier les céréales complètes ;
  • Réduire la consommation de sucre raffiné ;
  • Réduire la consommation d’alcool ;
  • Limiter l’utilisation de matière grasse lors de la cuisson des aliments ;
  • Diversifier l’alimentation[7].
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L’intérêt de l’acupuncture

Depuis le début du XXIe s., le monde scientifique s’intéresse également aux apports de l’acupuncture dans la lutte contre l’obésité. Il n’est pas toujours facile de trouver des études avec un contrôle placebo satisfaisant, beaucoup d’études étant d’ordre descriptif et de faible durée (moins de 12 semaines)[8].

Mais de nombreuses études signalent que l’acupuncture peut favoriser la perte de poids, notamment en modulant l’appétit (via le centre de la satiété, dans l’hypothalamus), la motilité intestinale et le métabolisme, ainsi que des facteurs émotionnels comme le stress. Il a par exemple été observé que l’acupuncture peut entraîner une variation des taux d’enképhaline, d’endorphine et de dopamine (ce qui contribue à contrôler le stress et la dépression), de bêta-endorphine (dans le plasma) et de sérotonine (en stimulant la branche auriculaire du nerf vagal). Tous ces effets pourraient contribuer à la perte de poids[9].

Un rapport de l’OMS sur l’acupuncture lui reconnaît une efficacité dans la lutte contre l’obésité[10], notamment en tant qu’elle fait décroître les taux d’insuline et de leptine.

Une revue d’études comparant les effets de l’acupuncture à ceux d’un contrôle de l’hygiène de vie montre que l’acupuncture est associée à une diminution significative du poids moyen (-1,72kg) ; par comparaison avec un placebo ou un faux traitement, l’acupuncture s’accompagne d’une perte de poids moyenne de 1,56 kg[11].

Une étude s’est penchée sur un traitement par acupuncture non accompagné d’un régime alimentaire ou d’un programme d’activité physique. Au bout de 5 semaines, la perte de poids moyenne était de 2,9 kg et l’IMC avait baissé en moyenne de 1,43[12].

 

Les points à puncturer

Dans l’étude mentionnée ci-dessus, les points suivants ont été puncturés[13] :

 

  • GI4 (Hegu) ;
  • C7 (Shenmen) ;
  • E36 (Zusanli) ;
  • E44 (Neiting) ;
  • Rt6 (Sanyinjiao) ;

 

Selon une étude, l’acupuncture, combinée à l’auriculo-acupuncture, permettrait une perte moyenne de 5,04kg après trois mois de traitement (à raison de 3 à 5 jours/semaine)[14]. Les points de puncture utilisés sont les suivants :

 

  • E25 (Tianshu) ;
  • Rt6 (Sanyinjiao) ;
  • MC6 (Neiguan) ;
  • E40 (Fenglong) ;
  • E36 (Zusanli).

 

L’auriculo-acupuncture est la méthode d’acupuncture le plus souvent choisie par les études liées à l’obésité. Les zones suivantes sont puncturées[15] :

 

  • Bouche ;
  • Œsophage ;
  • Estomac ;
  • Abdomen ;
  • Faim ;
  • Shenmen ;
  • Poumon ;

 

On retrouve très fréquemment deux points de puncture : Rt6 (Sanyinjiao) and E36 (Zusanli). Les spécialistes de Médecine Traditionnelle Chinoise confirment que ces deux points sont, d’une façon générale, indiqués pour le traitement des troubles digestifs.

 

L’intérêt de l’acupuncture dans la lutte contre l’obésité est donc étayé par un certain nombre d’études, même si une partie des mécanismes de cette efficacité restent encore à explorer. L’acupuncture doit en outre s’inscrire dans un protocole global de soins, qui implique toute une hygiène de vie, notamment alimentaire.

 

Dr. Nguyen Phuong Vinh.

 

[1] NCHS, Data Brief, n°288, octobre 2017.

[2] Inserm, 2019, https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/obesite

[3] OECD, « The heavy burden of obesity », OECD Health policy studies, 10 octobre 2019.

[4] Lehnert T, et al, « Health burden and costs of obesity and overweight in Germany: an update. », Eur J Health Econ., 2015; 16(9), p. 957–67 ; M.R. Carnethon, « Diabetes mellitus in the absence of obesity: a risky condition », Circulation, 2014, 130(24), p. 2131–2.

[5] Voir notamment HAS, « Surpoids et obésité de l’adulte : prise en charge médicale de premier recours. », septembre 2011, https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-10/reco2clics_obesite_adulte_premiers_recours.pdf

[6] Cécile Ciangura, Pauline Faucher et Jean-Michel Oppert, « Activité physique, nutrition et obésité », Nutrition Clinique et Métabolisme, Volume 28, Issue 4, December 2014, Pages 279-286.

[7] Voir la fiche conseils alimentaires de l’HAS, https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-10/annexe_3_fiche_de_conseils_pour_lalimentation.pdf

[8] J.M. Lacey, A.M. Tershakovec and G.D. Foster, « Acupuncture for the treatment of obesity: a review of the evidence », International Journal of Obesity, 2003, n°27, p. 419-427.

[9] Mehmet Tugrul Cabyoglu, Neyhan Ergene et Uner Tan, « The treatment of obesity by acupuncture », International Journal of Neuroscience, mars 2006.

[10] apps.who.int/iris/handle/10665/42414

[11] S-H Cho, J-S Lee, L Thabane and J Lee, « Acupuncture for obesity: a systematic review and meta-analysis », International Journal of Obesity (2009) 33, 183-196.

[12] F. Güçel, B. Bahar, C. Demirtas, S. Mit, C. Cevik , « Influence of acupuncture on leptin, ghrelin, insulin and cholecystokinin in obese women: a randomised, sham-controlled preliminary trial. », Acupunct Med., 2012 Sep;30(3), p. 203-7.

[13] F. Güçel, B. Bahar, C. Demirtas, S. Mit, C. Cevik , « Influence of acupuncture on leptin, ghrelin, insulin and cholecystokinin in obese women: a randomised, sham-controlled preliminary trial. », Acupunct Med., 2012 Sep;30(3), p. 203-7.

[14] Q. Sun et Y. Xu, « Simple obesity and obesity hyperlipemia treated with otoacupoint pellet pressure and body acupuncture », J Tradit Chin Med, 1993, 13, p. 22–6.

[15] Q. Sun et Y. Xu, « Simple obesity and obesity hyperlipemia treated with otoacupoint pellet pressure and body acupuncture », J Tradit Chin Med, 1993, 13, p. 22–6.

 

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